Connaissant les antécédents entre les deux hommes, c'est plus qu'un couac : c'est un taquet de la part de Jean-Marc Ayrault. L'ancien Premier ministre a expliqué, jeudi 10 mars sur i-Télé, qu'Angela Merkel "a moralement et politiquement raison d'ouvrir les portes de son pays aux réfugiés syriens". C'est Manuel Valls qui, lors de son déplacement à Munich mi-février, avait critiqué la politique migratoire de la chancelière allemande. Cette sortie du Premier ministre avait irrité les Allemands (rappelons que Jean-Marc Ayrault est germanophile). Mais il n'y a pas que les Allemands qui l'avaient été : Martine Aubry aussi. C'est d'ailleurs à la suite des propos tenus par Manuel Valls à Munich qu'elle avait décidé de publier sa tribune contre le gouvernement. Pour elle, c'était un affront fait à Angela Merkel.
Ce n'est pas la première fois que les deux hommes s'opposent sur la politique migratoire. Rappelez-vous de cette passe d'armes sur les Roms, début octobre 2013. Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, avait déclaré que "seules quelques familles avaient vocation à s'intégrer". Cela avait rendu hystérique Cécile Duflot. Jean- Marc Ayrault avait considéré que "dès lors que les lois de la République étaient respectées, l'intégration était possible". Pour enfoncer le clou, il avait déclaré que "le devoir des hommes d'État était d'avancer concrètement des solutions et de ne pas opposer les uns aux autres". Encore un tacle. C'était juste avant le désastreux épisode Leonarda, quand l'un voulait la faire revenir en France alors que l'autre l'avait expulsée.
On est face à deux visions, deux lignes. D'un côté Jean Marc Ayrault, qui est plutôt dans une position généreuse et humaniste ; de l'autre Manuel Valls, dans une position plus autoritaire mais sans doute plus réaliste.
François Hollande, sur la question des réfugiés, est plutôt sur la ligne Valls mais sans le dire aussi franchement. Le chef de l'État voit combien la situation est compliquée pour Angela Merkel. D'ailleurs, la chancelière est aujourd'hui moins disposée à ouvrir grand les portes de son pays. Elle a même promis aux allemands de faire baisser le nombre de demandeurs d'asile.
Dimanche prochain, il y aura des élections régionales en Allemagne dans trois Länder, avec un petit parti d'extrême-droite (l'AFD) qui monte et qui a bien l'intention de faire de ce scrutin un référendum contre la politique d'accueil de Merkel. La montée des populismes face à la crise des réfugiés, François Hollande ne peut pas l'ignorer. D'une certaine façon, la déclaration de Jean-Marc Ayrault va à rebours de ce que souhaite le président.
La stupéfaction de Laurent Wauquiez. Le président Les Républicains de Rhône-Alpes-Auvergne est parti (comme Valérie Pécresse en Île-de-France) à la chasse au gaspillage dans sa nouvelle région. Il a notamment découvert une subvention pour un programme de lutte contre la déforestation en Amazonie pour 120.000 euros ou encore un plan d'irrigation au Burkina-Faso. Il a aussi trouvé une exposition culturelle à New York, qui n'a reçu que 2.000 visiteurs pour 3 millions d'euros. On en répare des routes et on paie des formations avec tout ça !