La nouvelle est à peine croyable et pourtant vraie : le monde vit actuellement une pénurie de vélos. À tel point que pour certains modèles, notamment ceux à assistance électrique, les délais de livraison atteignent 4 à 6 mois. Les prix, eux, ont augmenté d’au moins 10%, à cause de la flambée des cours de l’aluminium et des difficultés à trouver des pièces importées. Même les réparateurs de machine ne parviennent plus à s’approvisionner en pièces détachées : le fabricant français Moustache, 150 salariés, installé dans les Vosges, a d'ailleurs été contraint de mettre ses troupes au chômage technique, alors que la demande n’a jamais été aussi importante.
Dans les magasins spécialisés et la grande distribution, les rayons sont complètement dégarnis car les ventes ont flambé, +25% pour les ventes en France, +45% au Royaume-Uni et +77% aux États-Unis. Les raisons d’un tel boom tiennent à l’épidémie et aux habitudes prises pendant les confinements comme le rejet de la voiture, la crainte de la contamination dans les transports en commun, le désir soudain de faire de l’exercice ou encore la rupture dans l’organisation des journées de travail qui est moins prévisible qu’auparavant.
Ces phénomènes de psychologie collective se sont produits en même temps dans la plupart des grandes villes du monde et ces dernières ont aussitôt adapté leurs plans de circulation pour allonger les pistes cyclables.
Aussi simple qu'il semble, le vélo est l’aboutissement de chaînes de production planétaires. Bon nombre de pièces viennent d’Asie, y compris pour les vélos assemblés en France. L’un des fournisseurs clé, le japonais Shimano, qui fabrique des freins et les systèmes de vitesse et détient plus de 60% du marché mondial sur les vélos haut de gamme, est littéralement assailli par les commandes.
Pour certaines des pièces, le délai atteint maintenant 400 jours, soit plus d’un an, alors que cette firme basée à Osaka fait tourner ses usines à pleine capacité. La start-up de Greg LeMond, trois fois vainqueur du tour de France, a dû retarder son lancement de plusieurs mois, parce que les livraisons de Shimano avaient été amputées de 80% sur le premier semestre. Les problèmes sont similaires avec les fabricants de cadres, à Taiwan ou en Chine.
Partout dans le monde, les fournisseurs sont saturés. À cela s’ajoutent le renchérissement des matières premières et les difficultés de transport. En raison de l’épidémie de coronavirus, un gigantesque embouteillage de containers ralentit toujours le trafic du port de Yantian, l’un des plus importants de mer de Chine, avec 350.000 containers en attente d’être traités.
Les effets de ce bouchon dureront tout au long de l’année 2021, à la fois sur les délais et sur les prix. Le coût du fret a littéralement explosé : un container de 40 pieds, c’est à dire une boîte métallique de 12 mètres de long, coûte 5.000 euros entre la Chine et l’Europe, 60% de plus qu’en janvier, et presque quatre fois plus qu’avant l’épidémie. Toute la chaîne planétaire de l’industrie du vélo a déraillé.
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