Condamnation de Boualem Sansal : "Une terrible injustice, une peine politique", dénonce Élisabeth Badinter sur RTL

L'écrivain Boualem Sansal a été condamné le 27 mars à cinq ans d'emprisonnement ferme par un tribunal algérien. Sur RTL, ce vendredi 28 mars, Élisabeth Badinter dénonce "une terrible injustice, l'expression d'une justice du XVIIIe siècle, du temps des fanatiques".

"Tous ses droits ont été bafoués, estime-t-elle, il se retrouve seul, malade, pour des opinions qui ne plaisent pas au pouvoir, c'est une peine politique". 

"La source, explique-t-elle, sont ses propos sur le Sahara occidental. L'autre motif, c'est que, depuis une quinzaine d'années, Boualem Sansal parle pour nous convaincre et nous dire : 'ne laissez pas l'islamise radical gangréner la France', 'ne les laissez pas faire au non d'une fausse tolérance'. Lui et d'autres en Algérie ont vécu la guerre qui a eu lieu à la fin du siècle dernier avec les Islamistes et qu'il a vu ce qui s'est passé. Il essaye de nous avertir : 'ne vous laissez pas les islamistes s'emparer du pays'." 

On a eu le sentiment qu'au nom de la diplomatie, on a laissé passer beaucoup de choses.

Élisabeth Badinter sur RTL

La gestion de ce dossier par la France a pris un tournant diplomatique que l'avocate déplore. "Au niveau de la France, gouvernement français et les plus hautes autorités françaises, il y en a qui ont fait tout ce qu'ils pouvaient. On a eu le sentiment, en tous les cas, qu'au nom de la diplomatie, on a quand même laissé passer beaucoup de choses". 
 
"Boualem Sansal n'est pas un idéologue, explique Élisabeth Badinter. C'est un homme qui a à cœur de nous dire, de nous répéter ce qu'il a vu, comme des millions d'Algériens, ce qu'il a vécu. Il s'est passé des atrocités. Les fanatiques religieux ont beaucoup tué. Son message : 'ne laissez pas le fanatisme religieux, d'où qu'il vienne, prendre peu à peu l'État, prendre peu à peu nos institutions'. C'est très dangereux".