Boualem Sansal : l'Académie française a-t-elle voté la nomination accélérée de l'écrivain détenu en Algérie ?

L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal est placé sous mandat de dépôt dans une unité pénitentiaire d'un hôpital d'Alger. Il a été arrêté alors qu'il arrivait dans son pays natal pour avoir critiqué les dirigeants algériens à de nombreuses reprises. Accusé "d'atteintes à la sûreté de l’État", l'académicien Jean-Christophe Rufin a souligné sur RTL l’urgence à élire Boualem Sansal à l’Académie française. Cette procédure express à forte valeur symbolique n'aura pas lieu tout de suite.

C'est une déception pour tous ceux qui pensaient que l'Académie française sortirait de son immobilisme, notamment Jean-Christophe Rufin qui a ouvert la séance à huis clos et à bulletin secret avec un discours très puissant sur l'enjeu pour Boualem Sansal, l'homme qui risque la prison à perpétuité en Algérie, et sur la faisabilité technique de cette procédure d'urgence, puisque trois sièges sont actuellement libres. 

Les débats ont été vifs, passionnés, voire houleux, parce que les immortels étaient divisés entre le risque supplémentaire qu'ils feraient courir à Boualem Sansal et la possibilité d'en faire un outil pour sa libération. Ils ont fini par tomber d'accord sur une grande séance publique, en costume, la semaine prochaine, pour lui rendre un hommage. 

"Je n'étais pas tout seul pour l'élection de Boualem Sansal à l'Académie. Ce n'est pas symbolique, c'est un acte. Il aura lieu, mais pour le moment il est suspendu", a réagi l'académicien Patrick Grainville, déçu à la sortie de la séance. Dans son discours, Jean-Christophe Rufin a prononcé ces mots : "Ne regardez pas en arrière". Il n'a pas été entendu.