Colère des agriculteurs : la classe politique fait-elle de la récupération ?

Le bras de fer entre la FNSEA, le premier syndicat agricole français, et l'exécutif est engagé. Les tracteurs d'agriculteurs se rapprochent de Paris, de Lyon et du marché de gros de Rungis, malgré les tentatives de l'exécutif pour dissiper le malaise paysan. L'Europe doit prendre des "décisions justes et courageuses", voire "innovantes", dans les prochains mois pour "accélérer" et amplifier son soutien militaire à l'Ukraine, a déclaré Emmanuel Macron lors de sa visite en Suède. 

Mais qu'elles peuvent être ces solutions ? Quelles sont les conséquences politiques de cette crise, à cinq mois des élections européennes ? 

Selon François Purseigle, sociologue à l'INP-Agro Toulouse et chercheur associé au Cevipof, cette contestation est "un mouvement disparate" parce que "la profession agricole est très éclatée en termes de revenus et en termes de projets entrepreneuriaux, les écarts de revenus vont de un à cinq. L'agriculture, ce sont des chefs d'entreprise aux projets à l'ambition artisanale, commerciale ou industrielle. Donc, on a une multitude de revendications", explique-t-il. 

"Je pense que cette crise, elle témoigne aussi d'un sentiment de manque de confiance, ajoute le chercheur. Un manque de confiance vis-à-vis de consommateurs qui se sont détournés finalement de ces produits qui étaient des produits de qualité vers lesquels les producteurs ont investi. Finalement, on a aujourd'hui des importations qui se font autour de produits d'entrée de gamme, alors qu'on en a appelé à une montée en gamme de l'agriculture française. C'est aussi une crise de confiance de la part d'agriculteurs".

Quid du vote des agriculteurs ?

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Concernant la classe politique, les argiculteurs "votent massivement pour la droite républicaine, mais ils ont su apporter aussi leur vote à Emmanuel Macron". "À la veille de la présidentielle, ils étaient 29% à déclarer voter pour Emmanuel Macron, 18% pour Valérie Pécresse. Ils auraient apporté pour 10% leur voix à Marine Le Pen et 11% à Eric Zemmour", détaille le chercheur.

C'est la crise d'un secteur qui se voit mourir, qui se voit disparaître, au sens propre

François Purseigle, sociologue à l'INP-Agro Toulouse et chercheur associé au Cevipof

"Mais c'est une clientèle électorale finalement qui peut peser dans certaines élections, et notamment dans les élections européennes. Pourquoi ? Parce que la résignation qui caractérise aujourd'hui notamment les plus jeunes d'entre eux, peut les conduire finalement à se tourner vers certaines offres électorales, mais surtout à s'abstenir. Il ne faut pas oublier que les agriculteurs allaient au bureau de vote comme ils allaient à la messe. On observe quand même depuis quelques années des taux d'abstention liés à leur résignation aussi, qui sont de plus en plus élevés dans cette population qui était relativement fidèle. Mais c'est aussi une population qui n'est pas naïve", ajoute-t-il. 

"C'est une crise existentielle. C'est la crise d'un secteur qui se voit mourir, qui se voit disparaître, au sens propre. Il faut savoir que 200.000 d'entre eux auront l'âge de partir à la retraite. Et parmi ces 200.000 exploitants qui auront l'âge de partir à la retraite dans les années qui viennent, rares sont ceux, seulement une moitié, qui ont un successeur de désigner", ajoute François Purseigle.

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