Au RN, plus d'un quart des élus régionaux ont claqué la porte depuis 2015
D’après notre décompte, 94 des 358 conseillers régionaux, élus avec l’étiquette Front national en 2015, ont quitté le parti.

Marine Le Pen s'apprête à dévoiler ses listes pour les prochaines élections régionales. Lors du précédent scrutin en 2015, la présidente du Rassemblement national avait réussi une belle moisson, en décrochant 358 élus. Soit plus que le Parti socialiste. Les prochaines élections régionales s'annoncent plus délicates pour Marine Le Pen qui a perdu depuis beaucoup d'élus. C'est une hémorragie.
D’abord, il y a ceux qui sont partis pour suivre Florian Philippot et sa ligne anti-euro. Il y a aussi ceux qui n’y croyaient plus après le débat raté du second tour de l'élection présidentielle de 2017. Ensuite, les guerres de clans, les vexations personnelles et ceux qui ont rejoint Nicolas Dupont-Aignan, ou encore les déçus du "fonctionnement trop vertical" du FN à la sauce Marine Le Pen, sont venus grossir les rangs des défections.
D'après nos calculs, plus d'un quart des élus régionaux du Rassemblement national, ex-Front national ont claqué la porte du parti. Soit 26%, ce qui représente 94 élus exactement.
Aucune région épargnée par l'hémorragie
Aucune région n'est épargnée. Les plus touchées sont les Pays de la Loire (53% d'élus démissionnaires, 7 défections), le Grand-Est (48%, 22 défections) et l'Île-de-France (45%, 10 défections).
La dernière démission en date remonte au mois de décembre. Françoise Coolzaet, élue du Nord, était de ces militants pur sucre, passion Front national depuis 37 ans. Enfant, elle collait des affiches avec ses parents. Elle a finalement rendu sa carte, car, dit-elle, le RN s’est perdu : plus de convictions, plus de "mordant", à force de se dédiaboliser. Marine Le Pen est devenue trop modérée à son goût.
On ne voit plus la différence entre Macron et le Rassemblement national
Françoise Coolzaet, élue du Nord
"On ne voit pas ce qu’elle défend. Il n’y a rien, il n’y a plus rien. Elle copie ses positions sur les sondages. Ce sont des positions centristes, on ne voit plus la différence entre Macron et le Rassemblement national", explique-t-elle au micro de RTL.
Et d'ajouter : "Moi j’ai toujours participé aux manifestations des 'gilets jaunes'. On m'a fait comprendre qu’il ne fallait pas y aller. On est dans le renoncement. J’ai envoyé plusieurs signes, je n’ai eu aucune nouvelles. Il s’en fiche, ils ne retiennent pas leurs élus". Depuis, Françoise Coolzaet a rejoint Les Patriotes de Florian Philippot.
Un manque à gagner pour le RN
Un parti qui ne retient pas ses troupes ? "Non, plutôt une accumulation de cas personnels", minimise un cadre. Il n’empêche, ces départs en cascade coûtent très cher au RN, y compris dans les caisses du parti.
La plupart des conseillers régionaux reversent 15% de leurs indemnités au Rassemblement national, d'après plusieurs élus du parti. Ce qui est élevé. Un élu régional LR ne reverse que 5% de son indemnité à son parti, par exemple. Un élu qui part, c’est donc un manque à gagner, qui pourrait avoisiner plusieurs centaines de milliers d'euros par an, selon nos calculs. Pas une bagatelle pour un parti criblé de dettes.
Cette hémorragie soulève enfin un autre problème pour 2022 : celui des parrainages. Les fameuses 500 signatures d’élus, obligatoires pour être candidat à la présidentielle. Or, son principal vivier de parrainage, ce sont ses élus régionaux. Le départ d’une centaine d’entre eux pourrait donc lui compliquer encore la tâche, si les élections régionales étaient reportées après 2022. Un scenario que l’on ne peut pas exclure définitivement.
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