Un arrêté surprenant a été pris par le maire d'Angoulême Xavier Bonnefont (DVD). Effectif tous les jours de la semaine de 10 heures à 21 heures de novembre à mars, et de 10 heures à 2 heures d'avril à octobre, de quoi s'agit-il exactement ?
Entré en vigueur le 12 juillet, l'arrêté interdit "toute occupation abusive et prolongée des rues et autres espaces publics [...], accompagnées ou non de sollicitations ou quêtes à l'égard des passants, lorsqu'elle est de nature à porter atteinte à la tranquillité publique et au bon ordre public". Cinq quartiers sont spécifiquement concernés, à savoir celui "du Champ-de-Mars, de Victor-Hugo, de la Madeleine et de la gare", mais aussi celui de Bourgine.
Ce n'est pas la première fois que la mairie d'Angoulême prend des mesures contre les "marginaux". Effectivement, en 2014, l'installation de grilles sur des bancs publics avait suscité une opposition vigoureuse qui avait contraint Xavier Bonnefont à y renoncer. Re-belote en 2020 avec un arrêté anti-regroupement annulé par Magali Debatte, préfète de la Charente à ce moment-là.
Néanmoins, l'arrêté interroge quant à son objectif et sur les modalités de son exécution. Il ne s'applique qu'à des "comportements précisément déterminés", à savoir des ""individus regroupés de manière immobile ou peu mobile, n’étant pas en transit et générant des nuisances qui troublent la tranquillité des passants ou des riverains".
Contacté par RTL, l'adjoint au maire Jean-Phillipe Pousset a donné des précisions. "C'est une contrainte d'aller et venir". L'objectif affiché est de "gérer de façon beaucoup plus apaisée l'espace public", explique-t-il.
"Le but, c'est de lutter contre les gens qui privatisent l'espace public pour faire leurs besoins naturels, consommer leurs canettes de bière en permanence, promener leurs chiens" et "font ça à cinq, six, sept, huit". Il ajoute que le "deuxième but, c'est les groupes de dealers qui sont en groupes de quatre, en paquets de cinq ou six, qui sont au portable en permanence" et "écoutent de la musique à tue-tête". Les passants et les gens qui profitent du centre-ville, soit ceux "dans 95% des cas", ne sont pas visés par cette mesure.
Concernant les mendiants et sans domicile fixe, l’adjoint au maire explique qu’une personne allongée sur un banc qui fait la manche n'entrave "en rien" la circulation. Il dit qu'ils "sont très peu nombreux", estimant qu’ils sont moins de 1% des 200 marginaux présents à Angoulême.
Enfin, il explique cela ainsi : "on comprend bien que la liberté, elle s'adapte et elle doit aussi être respectueuse de la liberté de l'autre".
Pour appliquer cet arrêté, il n'y aura pas de forces de l'ordre supplémentaires. Actuellement, 23 policiers municipaux sont déployés tous les jours. Selon les informations de RTL, une formation des policiers débute ce mardi 18 juillet.
Les caméras de vidéosurveillance installées dans la ville serviront-elles à verbaliser les contrevenants ? Non, selon Jean-Philippe Pousset. C'est un "système de vidéosurveillance, pas un système de vidéo-verbalisation". Les "caméras ne verbalisent pas, pour l'instant".
Si l'arrêté entre en vigueur pour un an, il pourrait bien s'inscrire dans la durée selon l'efficacité du test.
Face à cette mesure, des contestations se font entendre. L'opposition de gauche, par la voix du conseiller municipal Raphaël Manzanas, dénonce "une errance totale quant à la gestion de la grande précarité et une atteinte à la liberté de circuler" et ajoute que "demander 35 euros à des gens qui font la manche, c’est un mauvais coup de com’ pour Angoulême" auprès du Parisien.
Pour sa part, le député LFI (NUPES) de Charente, René Pilato, dénonce un arrêté qui vise à "taper sur les pauvres et chausser les bottes", qui fait d'Angoulême la "capitale de la honte".
La Ligue des Droits de l'Homme, citée par La Nouvelle République, explique par la voix de l'un de ses représentants qu'elle pourrait attaquer cet arrêté en justice. Elle estime que c'est un "arrêté anti-précaires" qui cherche à les exclure du centre-ville, et met en garde face à un traitement "discriminant" de la police.
Jean-Philippe Pousset explique que c'est une "appréciation humaine" faite par les policiers. Reste à savoir qui sera considéré comme amendable ou non.
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