Ça y est, le site d'Altsom à Belfort est "sauvé", comme l'a claironné mardi 4 octobre Manuel Valls. L'État a confirmé une commande publique de quinze rames de TGV qui circuleront sur des lignes classiques. On peut se réjouir pour les 480 salariés du site qui obtiennent un sursis : c'est un ballon d'oxygène pour eux. Pour le reste, et sur le fond du dossier, on ne voit pas en quoi l'on peut se réjouir. Et pour plusieurs raisons.
D'abord c'est quand même hallucinant de voir un gouvernement qui n'a pas su anticiper alors qu'il est au capital de l'entreprise et qui, dans la précipitation, commande des trains pour sauver une usine. L'État qui commande des trains ! Pour plaisanter, quelqu'un disait mardi : "Et pourquoi ne pas avoir acheté des porte-jarretelles pour sauver Lejaby ?". D'accord le train c'est du service public, mais ce n'est pas à l'État d'acheter des TGV... dont il n'a pas besoin.
Ensuite, il y a quelque chose d'ubuesque à voir un gouvernement proposer une mesure qui consiste à faire rouler des TGV sur des lignes Intercités. Autrement dit : faire rouler des trains à 160 km/h, alors qu'ils roulent habituellement à 350 km/h. Quel progrès ! Au passage, une rame de TGV c'est deux fois plus cher qu'une rame classique. Sans parler de la maintenance. Il va coûter "bonbon" le billet Bordeaux-Marseille !
Il est également surréaliste de voir un gouvernement prêt à débourser 700 millions d'euros, pour 480 emplois. Cela fait plus d'un million par tête, alors qu'on vient de passer cinq ans à nous dire qu'on avait du mal à boucler le budget. C'est fort.
Enfin, ce n'est pas tout à fait légal. On parle de "marchés publics", pour la SNCF comme pour l'État. Cette annonce se fait en violation de toutes les règles d'attribution et d'appel d'offres. On passe outre les règles européennes auxquelles la France doit se plier sur le marché européen. Cette annonce finalement, c'est un peu comme si c'était une subvention déguisée à Alstom.
Avec cette liste, vous avez tous les stigmates de la mauvaise gouvernance. Pourquoi François Hollande fait-il cela ? Parce qu'on est à six mois de la présidentielle, et que le Président n'a pas envie qu'une bombe sociale vienne lui exploser à la figure. Déjà qu'il vit avec la promesse de Florange et la promesse de l'inversion de la courbe du chômage. Il n'a pas envie de revivre le fantôme des Petits Lu ou des Michelin qu'avaient vécu Lionel Jospin.
C'est vrai que d'autres, avant lui, ont tenté de se sortir de ce genre de mauvais pas. Souvenez-vous de François Fillon expliquant maladroitement que Nicolas Sarkozy avait demandé à Peugeot de repousser son plan social "après la présidentielle". Il y a toujours cette tentation de repousser le spectre de la fermeture d'usine ou des licenciements avant une échéance électorale. Mais c'est quand même la première fois que c'est fait avec autant de grossièreté. Quand on joue au petit train, le risque c'est de tomber dans la politique de gribouille.
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