Quel climat ! Dimanche, c'était lamanifestation anti-Hollande du collectif "Jour de colère". Lundi, c'était l'appel au boycott de l'école, soupçonnée de promouvoir la "théorie du genre". Dimanche prochain, les opposants au "mariage pour tous" descendent dans la rue.
Une situation suffisamment grave pour que le chef de l'État et Jean- Marc Ayrault en parlent mercredi matin en tête à tête avant le Conseil des ministres, et demandent notamment au ministre de l'Éducation nationale à Vincent Peillon de monter au créneau. Il fallait faire en sorte d'arrêter immédiatementles rumeurs et les fantasmesautour de l'idée qu'on enseignerait à l'école que l'égalité fille-garçon conduirait à l'homosexualité, ou encore que l'école dispenserait des cours d'éducation sexuelle avec "démonstration".
Voilà jusqu'où ça peut aller. C'est tout a fait inquiétant, même si ça ne concerne qu'une centaine d'écoles sur 48.000.
On est dans la même forme d'inquiétude que lorsque Manuel Valls décide de faire stopper les spectacles de Dieudonné. Il y a comme un mouvement de panique au sommet de l’État. L'idée que la République est en danger.
Reste que ce mouvement est très hétéroclite. Dans une même manifestation, on retrouve un mélange qui va de la mouvance antisémite, des adeptes de Dieudonné, à l'extreme droite traditionnelle, en passant par les milieux de l'islam radical. C'est une partie d'entre eux que l'on retrouvera dimanche prochain dans le rassemblement de la "manif pour tous".
C'est un conglomérat de contre : contre l'avortement, contre les homosexuels, contre Israël, contre les musulmans... Ce sont des colères qui se croisent.
Surtout, ce sont des mouvements hors de contrôle. Il n'y a pas de règles. Ils se réunissent grâce à internet, ils diffusent des messages sur la toile. Cela inquiète d'autant plus le pouvoir que l'on ne peut pas discuter avec eux. Ce ne sont pas des syndicats, pas des associations. Ce n'est pas téléguidé par un parti politique.
D'ailleurs, on n'est pas dans le jeu politique traditionnel. Souvenez-vous des "Bonnets Rouges", ce mouvement né de la protestation contre l'écotaxe, qui a complètement échappé à tout le monde, et dont on retrouve des membres dans la manif des anti-Hollande de dimanche dernier.
Ce sont des collectifs - certains dits "anti-système" - assez bien organisés. Car derrière, il y des gens qui tirent les ficelles, qui sont des agitateurs professionnels, qui jouent sur une insatisfaction latente sur des mécontentements et sur la haine.
François Hollande avait promis une société apaisée. On n'en est pas là. Dur constat quand on a accusé son prédécesseur d'avoir "irrité" la société. Mais est-ce que la gauche au pouvoir n'a pas nourri elle aussi quelques crispations, quand elle a laissé le débat entretenir le flou sur la PMA ou la GPA, alors qu'il n'en était pas question dans la loi sur le mariage homo ? Est-ce que la réaction de Manuel Valls contre Dieudonné n'a pas amplifié le problème ?
Ce qui se développe dans le pays, n'est-ce pas le sentiment que les libertés sont mises à mal ? La gauche n'est-elle pas sur le fil quand elle veut modifier la loi sur l'avortement ? Est-ce que tout cela n'attise pas les franges les plus radicales de la société?...
Il y a toujours eu à gauche l'idée du progrès des droits, belle et grande idée. Mais attention à ce que cela ne se traduise pas par l'idée que le "bien" ne serait que l'apanage de la gauche. Ça stigmatise plutôt que de convaincre. Or, la politique c'est d'abord convaincre que ses idées sont justes.
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