François Fillon était sur TF1 jeudi 26 janvier au soir pour tenter de désamorcer la polémique. C'est un travail "réel, légal, transparent", a dit le candidat de la droite pour évoquer la situation de son équipe. On reste quand même partagé. Voilà un homme qui défend son épouse avec une certaine émotion, qui explique que sans elle il n'aurait pas eu le parcours que l'on connait. Il raconte qu'elle a toujours travaillé à ses côtés. Bon ça existe ailleurs, des femmes d'agriculteurs, des femmes d'artisans, et donc pourquoi pas en politique. On voit qu'il joue nettement sur cette corde là : "C'est celle en qui j'ai le plus confiance, on se connait par cœur, elle sait ce que j'attends".
Mais en même temps, on reste gêné par les sommes d'argent qui sont sur la table. D'abord les 100.000 euros perçus à la Revue des Deux Mondes pour deux notes de lecture (une revue dont l'actionnaire est un ami de François Fillon). Ensuite les 500.000 euros touchés au titre d'attachée parlementaire de son époux. C'est deux fois plus que la moyenne des attachées parlementaires. Une somme qui sème le trouble sur un travail dont on ne sait pas bien s'il a été réellement effectué.
On est dans ce moment où François Fillon est à l'offensive. Il affirme avoir transmis des preuves au parquet. Mais jeudi soir, c'est d'abord sa femme qu'il est venu défendre. Il n'a rien dévoilé de précis. Il ne permet pas de lever le doute. C'est la justice, bien sûr, qui le fera.
François Fillon dit qu'il y a "quelque chose de pourri dans ce monde". Il parle de "boules puantes". Oui, c'est dégueulasse. Mais il y en a toujours eu. François Fillon ne peut pas le découvrir : cela fait quarante ans qu'il est en politique. On ne peut s'empêcher, en l'entendant parler de "monde pourri", de penser aux Français qui étaient devant leur petit écran en regardant le journal de 20 Heures de TF1 et qui se sont sans doute dit : "Oui il y a quelque chose de pourri dans ce monde", c'est sûr, mais pas pour la même raison !"
En fait, ce qui saute aux yeux c'est ce malentendu. Là où les politiques voient la confiance, la facilité de s'adresser à un proche, les Français, eux, se disent qu'ils arrosent leur famille. C'est l'idée que les gens d'en haut ne servent pas les Français, mais se servent d'abord eux. Cela ne s'arrête jamais. Et ça concerne tous les partis, y compris désormais le Front national, empêtré lui aussi dans des affaires d'assistants parlementaires à Bruxelles.
Les frais de bouche, les excès de vitesse qui sautent, les familles hébergées dans les ministères, les logements de fonction disproportionnés, les missions et les rapports qui ne servent à rien, les placards dorés : tout ça est désastreux. On ne dit pas que rien n'a été fait. Depuis l'affaire Cahuzac, on a avancé sur la transparence. Mais ce n'est toujours pas suffisant. Il est temps de comprendre que ce sont des comportements d'un autre âge. Ceux qui prétendent réformer l'État ont donc aussi intérêt à changer très vite les pratiques.
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