Affaire Fillon : information judiciaire ouverte par le parquet national financier
Le parquet national financier a ouvert une information judiciaire portant sur les soupçons d'emplois fictifs qui pèsent sur Penelope Fillon.

Le Penelope Gate prend un nouveau tournant, à deux mois de la présidentielle. Après plusieurs semaines d'enquête préliminaire, consécutives aux révélations du Canard Enchaîné, le parquet national financier (PNF) a ouvert une information judiciaire concernant les soupçons d'emplois fictifs qui concernent principalement Penelope Fillon. La décision a été communiquée dans la soirée de vendredi 24 février par le parquet national financier, confirmant une information du Parisien, peu avant la tenue d'un meeting de François Fillon à Maisons-Alfort. Cette nouvelle étape va permettre à trois juges d'instruction de prendre en charge le dossier et d'approfondir les investigations. Le parquet n'a donc pas choisi de citer directement François Fillon, sa femme et d'autres protagonistes devant un tribunal correctionnel.
L'instruction se porte précisément sur les chefs de détournement de fonds publics, abus de bien sociaux, complicité et recel de ces délits, trafic d'influence et manquements aux obligations de déclaration à la Haute autorité sur la transparence de la vie publique.
Les avocats restent confiants
Le 16 février, le parquet national financier avait écarté l'hypothèse d'un classement sans suite de l'affaire. Les avocats du couple Fillon, lors d'une conférence de presse remarquée, avaient auparavant demandé au PNF de se dessaisir de cette enquête qu'ils qualifient "d'illégale", arguant un problème d'incompétence juridique.
Les avocats des époux Fillon ont déclaré vendredi soir ne pas douter que leur "innocence" sera "enfin reconnue" par "des juges indépendants" après l'ouverture d'une information judiciaire. "Très logiquement, le parquet national financier est parvenu au constat que son enquête ne pouvait se poursuivre dans sa forme actuelle. C'est uniquement afin d'interrompre la prescription en raison d'une loi qui vient d'être votée qu'une information judiciaire a été ouverte. Le PNF confirme, ce faisant, qu'il n'a pas pu démontrer la réalité des infractions poursuivies", estiment Mes Antonin Lévy et Pierre Cornut-Gentille.
Les juges peuvent prononcer une mise en examen
L'information judiciaire va permettre aux juges d'instruction d'approfondir l'enquête. Ces magistrats sont les seuls habilités à placer un acteur du dossier sous le statut d'intermédiaire de témoin assisté, ou à prononcer d'éventuelles mises en examen. Si une telle décision venait à être prise, François Fillon a déjà fait savoir qu'il ne compte pas retirer sa candidature à la présidentielle.
L'affaire, suscitant un immense tollé politico-médiatique, porte en grande partie sur des doutes concernant la véracité du travail effectué par Penelope Fillon en tant qu'attachée parlementaire de son mari ou de son suppléant Marc Joulaud entre 1998 et 2007. Elle aurait perçu 500.000 euros brut. Elle aurait également reçu 5.000 euros brut par mois de la Revue des deux mondes, dirigée par un ami de son mari, Marc Ladreit de Lacharrière, pour un travail dont la réalité est aussi remise en question. Des soupçons portent aussi sur deux enfants du couple, Marie et Charles, embauchés par François Fillon comme assistants parlementaires sur la période 2005-2007.
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