Affaire Darmanin-Benzema : à quoi le ministre de l'Intérieur joue-t-il ?

Créer un rapport de forces. Voici la méthode Darmanin. Depuis la rentrée, le ministre de l'Intérieur est omniprésent dans les médias. Dernière déclaration en date : "Depuis quelques semaines, je m'intéresse particulièrement à Karim Benzema, en lien notoire, avec les Frères musulmans", a-t-il déclaré sur CNews. L'affaire Darmanin-Benzema, c'est la polémique difficile à anticiper pour les observateurs de la vie politique. Sur RTL, l'avocat de Karim Benzema a martelé que ces accusations sont fausses et il se réserve le droit de porter plainte contre Gérald Darmanin. 

Cette intervention dans les médias du locataire de Beauvau n'est pas la seule à déclencher des commentaires, voire des critiques. Depuis plusieurs semaines, le ministre de l'Intérieur est sur tous les fronts. Il multiplie les déplacements et les phrases chocs. Pourquoi ? Dans quel but ? 

Cette affaire résulte d'une "volonté à la fois de garder l'attention médiatique et de dévier des critiques", selon Olivier Bost, chef du service politique de RTL et présentateur du Grand Jury RTL, Le Figaro, M6, Paris Première. "C'est vraiment une technique chez Gérald Darmanin qu'on a vue régulièrement. Quand il est dans la difficulté ou quand il y a des choses sur lesquelles il a besoin d'exister, il en rajoute et crée un affrontement", analyse-t-il. 

Gérald Darmanin a exactement la même stratégie que Nicolas Sarkozy

Olivier Bost, chef du service politique de RTL

Une stratégie déjà bien connue d'un certain Nicolas Sarkozy, ami et mentor de Gérald Darmanin. "À partir de 2002, donc de la réélection de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy va multiplier les déplacements, les prises de position, les provocations, les clivages volontaires pour arriver à ses fins, c'est-à-dire jusqu'en 2007, président de la République, rappelle Olivier Bost. Et Gérald Darmanin a exactement la même stratégie".

La polémique de trop ?

Concernant ses propos sur Karim Benzema, le ministre a reçu peu de soutien de la part de ses collègues du gouvernement. Sur RTL, Éric Dupond-Moretti a pris ses distances avec cette polémique. "En ce qui me concerne, je ne veux pas entrer dans cette polémique. C'est très clair. Des Français ont d'autres préoccupations et en particulier les préoccupations sécuritaires que nous avons évoquées tout à l'heure", a-t-il expliqué. 

"Cette phrase, c'était vraiment celle de trop. Il y a un soutien à Gérald Darmanin parce qu'il représente quelque chose qui est essentiel et compliqué dans la vie, qui est l'autorité. Si aujourd'hui, on se posait la question très ouvertement : qui peut remplacer Gérald Darmanin au ministère de l'Intérieur s'il y avait besoin de le remplacer ? C'est très compliqué de trouver un candidat. Donc Gérald Darmanin représente quelque chose. Mais sur l'exemple de Karim Benzema, personne ne le suit et tout le monde s'est dit : 'Pourquoi il a fait ça ?'. Il est allé trop loin", explique Olivier Bost. 

Une double faute pour Darmanin

À la fin de l'été, le nom de Gérald Darmanin était évoqué pour remplacer Élisabeth Borne, mais finalement, la première ministre sera maintenue en poste à Matignon. "Ce qui s'est passé, c'est que Emmanuel Macron ne choisit pas Gérald Darmanin. Il lui fait savoir avant de reconduire Élisabeth Borne à son poste de Premier ministre. Il lui dit à cependant de faire vivre politiquement ses idées. Et finalement, sa rentrée politique à Tourcoing, c'était une façon de faire passer cet échec. Mais cela a fini par donner une double faute : il n'accède pas à Matignon et il tente de se démarquer politiquement, mais n'y arrive pas", précise Olivier Bost. 

Selon lui, "il y avait de l'amertume chez Gérald Darmanin". "Il n'a pas dépassé cette amertume. Il n'a pas transformé cela en énergie positive pour prendre un élan qui aurait pu l'amener à autre chose et qui aurait pu l'aider pour la suite".

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