"Silence, consternation puis explosion de colère"... Lundi 26 décembre, plus d'un millier de militants insoumis et de la Nupes signent une tribune dans Le Monde, pour dénoncer la décision du mouvement de n'exclure que temporairement de son groupe parlementaire le député Adrien Quatennens, condamné pour violences conjugales.
Depuis le verdict du procès
et la décision de LFI, la colère s'organise dans les rangs insoumis et
les communiqués de groupes d'actions pleuvent sur les réseaux sociaux,
pour dire leur refus de voir M. Quatennens retourner à l'Assemblée et
dénoncer le fonctionnement du mouvement.
"Nous, membres de la France insoumise et de la Nupes demandons l'exclusion d'Adrien Quatennens", peut-on lire dans la tribune. "Nous appelons les militants.e.s à l'insoumission", poursuivent-ils, dénonçant un "système vertical privilégiant la protection des cadres dirigeants aux dépens des militants.es et des programmes".
Suspendu pour quatre mois de son groupe à l'Assemblée nationale dans la foulée
de sa condamnation, début décembre, à quatre mois de prison avec sursis
pour des "violences" sur son épouse, le député du Nord s'était déclaré
victime d'un "lynchage médiatique" et a refusé de démissionner.
Depuis le début de cette affaire, La France Insoumise (LFI), le parti de Jean-Luc Mélenchon - arrivé troisième lors de l'élection présidentielle et dont M. Quatennens est un des plus fidèles lieutenants - est secoué par des divisions internes.
"Nous demandons une démocratie interne plus juste où les représentants seront nommés et légitimés par les militant-e-s et non pas essentiellement par le cercle restreint par le bureau national", écrivent les signataires de la tribune. "Appliquez vos promesses, agissez : oui, le privé est politique, aucun agresseur n'a sa place dans nos partis, nos organisations, nos institutions, dans nos hémicycles", exhortent les signataires.
Une montée au créneau publique et nationale que les initiateurs de cette tribune estiment inévitable. "J'ai énormément d'amis qui reçoivent des messages disant 'vous feriez mieux de régler ça en interne'. Mais on a déjà essayé et ça n'a pas fonctionné", regrette Gabin Plantet, signataire de la tribune et membre des Jeunes insoumis de Poitiers, auprès de l'Agence France-Presse.
Selon plusieurs militants parlant sous couvert d'anonymat, un premier texte signé par six groupes d'action a été élu au nouveau coordinateur de LFI Manuel Bompard le 1er décembre, lors d'un évènement des Jeunes Insoumis, sans susciter de réponse.
Le 13 décembre, les Jeunes Insoumis de
Poitiers sautent le pas et annoncent dans un communiqué sur Twitter
"l'arrêt à durée indéterminée" du groupe d'action. Sur les réseaux
sociaux, les militants se déchirent. "J'avais l'habitude de recevoir
des messages violents de la part de personnes de droite, mais là c'était
carrément des gens avec qui je manifestais hier", souffle Gabin.
Une
semaine plus tard, les jeunes poitevins sont rejoints par plus d'une
dizaine de groupes d'action (Jeunes ou non) dans cette "grève
militante". Au total, une vingtaine de collectifs estampillés France
insoumise ont exprimé publiquement leur colère, selon un décompte du
Discord Insoumis, un collectif qui regroupe près de 17.000 personnes sur
des canaux de discussions.
Une "grève" qui ne consiste pas à
cesser toute activité, comme l'explique Gabin, mais plutôt "de ne plus
s'afficher sous la bannière LFI, tant qu'il y aura Adrien Quatennens".
"On reste focalisés sur les retraites", s'empresse-t-il de préciser. "Toute
critique interne est assimilée à une volonté de briser le parti ou même
carrément de rouler pour Macron", regrette un co-animateur d'un groupe
strasbourgeois.
Une militante de la France insoumise depuis
2017, féministe et signataire de la tribune, dénonce un "deux poids deux
mesures, quand on voit que Taha Bouhafs (accusé de violences sexuelles
mais non jugé) a été exclu très rapidement", juge-t-elle.
"Nous
n'irons pas plus loin que la grève militante", explique le Discord
Insoumis. Mais "nous pensons qu'exclure définitivement et le plus tôt
possible Adrien Quatennens du groupe parlementaire permettrait,
justement, d'éviter d'en arriver à une hémorragie militante". "Il
n'y a pas d'homogénéité chez les jeunes", assure de son côté Aurélien Le
Coq, animateur national des Jeunes Insoumis. "Chacun veut être entendu
et participer au débat, c'est normal."
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