Tempête Amy : pourquoi a-t-elle été plus forte que prévu ?

Les aléas de la météo sont toujours surprenant : il y a souvent une part d'incertitude dans les prévisions, qui restent en quelque sorte des probabilités statistiques de moins en moins fiables en s'éloignant dans le temps. Mais quand même, la tempête Amy a surpris tout le monde ce samedi, avec des rafales de vent puissantes et des dégâts localement considérables. Comment l'expliquer ?

Vendredi, tous les journalistes météo et les sites spécialisés annonçaient effectivement une grosse tempête, mais uniquement sur l'Irlande et l'Écosse, avec une alerte rouge sur l'ouest des Îles Britanniques. En France, un simple coup de vent était évoqué pour la journée de samedi : une vigilance jaune avait d'ailleurs été émise par Météo-France, avec des rafales de vent prévues à 90 km/h, mais uniquement sur les côtes, entre Normandie et Hauts-de-France.

Dans la journée de vendredi, Météo-France a revu à la hausse ces rafales de vent au fil des heures, avec des rafales prévues autour de 120 km/h sur les côtes, 90 à 100 km/h à l'intérieur des terres, à quelques encablures du seuil de la tempête. Mais ce n'est que samedi matin à 10h, deux heures seulement avant le début de l'événement, que la vigilance orange "vent violent" a été déclenchée dans 6 départements.

Une "ligne de grains" en cause

Les modèles de prévisions météo n'ont pas forcément mal anticipé le phénomène, mais ils l'ont sous-estimé. Toutes les 6h, jusqu'à samedi matin, à chaque mise à jour des modèles, les rafales de vent étaient effectivement revues à la hausse, d'où la vigilance tardive. Au final, sur les côtes, on a relevé jusqu'à 131 km/h en rafales au Havre, et dans les terres 111 km/h à Jaméricourt, dans l'Oise. Localement, des phénomènes tourbillonnaires ont été observés, comme dans la Somme et le Val-d'Oise.

C'est en fin d'après-midi de samedi que les rafales les plus violentes ont été enregistrées, au passage de ce qu'on appelle une "ligne de grains". Il s'agit d'averses très puissantes, qui s'organisent en ligne, à la queue leu leu, elles sont d'ailleurs parfois orageuses.

Ces averses se forment à la limite entre les deux masses d'air qui se confrontent, l'air chaud et l'air froid, et ce choc créé de l'instabilité, et de très fortes rafales de vent sur une durée très courte, parfois moins de 10 minutes, évidemment difficiles à prévoir. On les appelle des "rafales convectives", et sur des arbres encore très feuillus, la prise au vent plus importante entraîne de gros dégâts…