La situation est "inédite" et inquiétante. Au 1er mars, “l'ensemble des nappes [phréatiques] affichent des niveaux sous les normales et 80 % des niveaux sont modérément bas à très bas”, alerte le Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM), ce lundi 13 mars. Un niveau “dégradé” qui laisse augurer une probable sécheresse dans les prochains mois.
"On a déjà connu une situation avec beaucoup plus de points rouges" à cette époque, en 2012 et en 2017, "mais ce qui est inédit c’est que toute la France est touchée", a souligné Violaine Bault, hydrogéologue du BRGM, lors d'une conférence de presse.
Dans le détail, les zones du couloir rhodanien, du Limousin, des Causses et de la plaine du Roussillon sont particulièrement touchées, affichant des niveaux "rouge" et des nappes "très basses", alerte le BRGM.
Aussi, 14 départements sont déjà en vigilance ou en alerte, selon le site officiel Propluvia. Les Pyrénées-Orientales sont ainsi en "alerte renforcée", tout comme une partie des Bouches-du-Rhône, de l'Ain et de l'Isère.
Le nord de l'Ardèche, le sud de la Loire et l'ouest de l'Isère et Var sont, eux, en situation d'alerte.
Enfin, l'état de vigilance concerne l'Ardèche, les Bouches-du-Rhône, la Corrèze, la Creuse, la Drôme, le Gard, la Savoie, les Yvelines et une partie de la Seine-et-Marne et du Val-de-Marne.
Pour les prochains mois, le BRGM fait état d'une "grande incertitude". L'évolution des tendances "dépendra essentiellement de la pluviométrie", ajoute l'institut géologique, qui estime toutefois que "la reconstitution des stocks d'ici le printemps reste difficilement envisageable sur les nappes réactives affichant des niveaux très bas".
Est-ce à dire que l'été 2023 sera pire que celui de 2022, déjà marqué par une sécheresse exceptionnelle ? La recharge pourrait reprendre dans certains secteurs en mars mais "les prochaines pluies auront probablement peu d'impact", dans la mesure où dès courant avril, la reprise de la végétation absorbera la majeure partie de l'eau.
"Là début mars, il pleut, mais il faut d’abord que ça humidifie les sols avant de permettre une infiltration vraiment en profondeur", note Mme Bault. Un processus d'autant plus long que la sécheresse des sols est déjà particulièrement marquée, selon Météo France, qui fait état d'une situation à fin février qui correspond à celle de mi-avril voir mi-mai pour certains secteurs.
Le BRGM souligne par ailleurs que les pluies de l'automne et de l'hiver, période de recharge essentielle pour la reconstitution des stocks, ont été "très insuffisantes pour compenser les déficits accumulés durant l'année 2022".
Donc s'il ne pleut pas abondamment dans les prochaines semaines alors que Météo France annonce pour les trois prochains mois des températures probablement plus chaudes que la normale, "on risque d'avoir toute la France concernée par des arrêtés de restriction d'eau", estime Violaine Bault.
En attendant le plan “sécheresse” annoncé par le Gouvernement, la spécialiste appelle déjà les Français à limiter leurs prélèvements et l’assure : “faire des économies d'eau avec chaque petit geste qui permet d'économiser l'eau peut compter”.