Violeur de la Sambre : "On ne naît pas violeur, on le devient", affirme la femme de Dino Scala

Trois décennies de double vie ont passé le 26 février 2018, lorsque Dino Scala, ouvrier et père de cinq enfants de 57 ans, est arrêté au volant de sa voiture par la police judiciaire de Lille. Il se rendait sur son lieu de travail, à Jeumont-Schneider, l'entreprise électromécanique où il travaillait en tant que mécanicien. Suspecté d'être le "violeur de la Sambre", il est alors dans le viseur des forces de l'ordre.

En garde à vue, il révèle son implication dans plus d'une dizaine d'agressions sexuelles depuis plus de trente ans. Une information qui fait l'effet d'un choc au sein de la famille de Dino Scala, considéré jusqu'ici comme un homme à la vie ordinaire. Après son arrestation, la police judiciaire frappe à la porte du domicile de Scala, à Pont-sur-Sambre (Nord). Ce matin-là, sa femme est seule face à une quinzaine de policiers en civil qui investissent sa maison pour lui apprendre la garde à vue de son mari. 

Depuis ce matin de février 2018, elle ne vit plus de la même façon. Peu à peu, elle comprend que l'homme au passé tumultueux qu'elle connaît depuis des années cachait une double personnalité oscillant entre le prédateur sexuel et le "bon père de famille". "Il a eu une enfance qui n'a pas été facile", commence-t-elle à expliquer dans Les Voix du crime.

On ne naît pas violeur, on le devient

femme de Dino Scala

Deux jours après son arrestation, Dino Scala est placé en détention provisoire pour 19 faits de viols et agressions sexuelles. Le 1er juillet 2022, à la Cour d'assises du Nord, il est condamné à 20 ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté des deux tiers, et reconnu coupable de 54 viols, tentatives de viols et agressions sexuelles commises entre 1988 et 2018. Mais celui qui reste à ce jour l'un des plus grand violeur en série français cache une autre histoire.

Son avocate Me Margaux Mathieu, décrit un homme à la "double personnalité", qui "avait très peu de souvenirs des violences imposées à certaines femmes." Sa femme évoque, elle, un homme à l'histoire douloureuse victime très jeune de violences sexuelles de la part de son père, des propos confirmé par la sœur du criminel lors du procès en 2022. "Il y a un passé. On ne naît pas violeur, on le devient (...)", pense la femme de Dino Scala, établissant un lien entre ces événements traumatiques et les faits pour lesquels il a été condamné.

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"Les enfants qui se font agresser par leur famille... Il faut oser parler, parce que ça peut amener à des dégâts considérables, des victimes collatérales, comme nous", ajoute-t-elle. L'homme désormais âgé de 63 ans avait tenté de consulter dans un hôpital psychiatrique plusieurs fois avant la révélation de ses crimes à ses proches. "Il voulait rencontrer quelqu'un, mais n'a pas franchi le pas (...). Il m'a dit il y a trois, quatre ans peut-être, qu'à cette période-là, il voulait faire la démarche aussi chez notre médecin. Mais il n'a pas franchi le pas non plus", explique sa femme.

Depuis la condamnation de son mari en juillet 2022, elle tente tant bien que mal de vivre avec le poids du passé. Une nouvelle vie qu'elle tente de reconstruire, malgré les déménagements successifs pour échapper aux multiples agressions.

>> Les Voix du crime sont avocats ou avocates, enquêteurs ou enquêtrices, proches de victimes, de suspects ou de coupables. Ces témoins-clefs se confient au micro des journalistes de RTL. Des témoignages inédits, qui apportent un éclairage nouveau sur la justice et les grandes affaires criminelles d’aujourd’hui.

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