Lundi 29 septembre 2008, Vincent Lambert, infirmier psychiatrique de 33 ans, est victime d'un grave accident de voiture. Avec un pronostic vital engagé, il se retrouve en réanimation. Pendant trois ans, les médecins, sa femme, Rachel, et ses proches tentent tout pour le ramener à la vie. En vain.
Le docteur Éric Kariger, estime que Vincent Lambert est le patient le plus sévèrement atteint qu'il a vu depuis dix ans. Dans sa chambre, décorée de photographie de sa fille et de son épouse, l'homme est alimenté et hydraté artificiellement, clignant parfois des yeux sans que l'on sache s'il comprend ce que ses visiteurs lui disent.
Cinq ans plus tard, le docteur Kariger, en accord avec Rachel Lambert, son épouse, décide l'interruption des soins. Les parents sont stupéfaits. Ils n'ont pas été prévenus. "Conformément à la loi, les parents Lambert ont été prévenus de cette hypothèse que nous pourrions arrêter les traitements chez leur fils, par contre, effectivement, entre le moment où on les prépare à cette décision et la prise de décision, on ne les a pas prévenus, reconnaît le docteur Éric Kariger, chef de l’unité des soins palliatifs du CHU de Reims à l'époque des faits. Aujourd'hui, les auditeurs comprennent peut-être mieux pourquoi Rachel Lambert, n'a pas prévenu ses beaux-parents. Mais, on n'a pas fait ça sous le manteau."
Le cas Vincent Lambert, âgé de 37 ans, devient tout de suite un symbole pour les militants pro-vie. Les parents saisissent la justice et le tribunal administratif leur donne raison. Les soins peuvent reprendre bien que le collège médical du CHU de Reims estime cette décision dénuée de sens et d'efficacité.
Depuis des mois, l'équipe observe chez le patient "des comportements inhabituels d'opposition aux soins faisant suspecter un refus de vivre". Les parents déposent plainte pour "maltraitance". En 2014, le Conseil d'État autorise finalement l'arrêt des soins. La famille s’adresse alors à la Cour européenne des droits de l'Homme.
Vendredi 10 mai 2019, pour la quatrième fois, le docteur Vincent Sanchez, le médecin qui s'occupe désormais du cas Vincent Lambert au CHU Sébastopol à Reims, annonce à la famille l'arrêt des soins. Les parents, appuyés par des associations ultra-catholiques et défenseurs de la vie, n'ont plus beaucoup de recours. La ministre de la Santé en personne, Agnès Buzyn, confirme que l'équipe médicale est en droit d'arrêter les soins.
On a eu confiance en son épouse quand elle nous a dit que Vincent ne voulait pas vivre comme un légume.
Éric Kariger
Lundi 20 mai, le processus d’arrêt de soins démarre. Des plaintes s’enchaînent contre le docteur Sanchez : non-assistance à personne en danger, meurtre avec préméditation sur personne vulnérable... Le médecin reçoit des menaces. Mais rien ne stoppe le processus.
Pour la première fois, les parents apparaissent résignés. Jeudi 11 juillet, peu après 8h00 du matin, Vincent Lambert, 42 ans, est déclaré mort, neuf jours après l'arrêt de la nutrition et de l'hydratation artificielles. Le procureur de Reims ouvre une enquête pour déterminer les causes du décès.
Le docteur Vincent Sanchez comparait devant le tribunal correctionnel de Reims pour non-assistance à personne en danger, puis est relaxé. Le médecin évoque une décision longuement pesée et réfléchie. Avant l'accident, Vincent Lambert, infirmier, avait confié à son épouse et à des proches qu'en cas de malheur, "il préférait mourir que vivre comme un légume".
"Nos amis réanimateurs, débranchent tous les jours des gens qui vont être menés à la mort. Ça se passe en conscience. La force d'un diagnostic et d'une décision médicale, c'est la science au cœur, mais c'est aussi de l'intime conviction. Oui, Vincent Lambert n'avait pas écrit ses directives ; oui, on a eu confiance en son épouse quand elle nous a dit que Vincent ne voulait pas vivre comme un légume, explique le docteur Éric Kariger. Mais même si Vincent Lambert avait écrit qu'il voulait vivre comme un légume, je pense que raisonnablement la décision aurait été d'arrêter ses traitements face à la gravité de son état neurologique."
- Me Gérard Chemla, avocat au barreau de Reims et avocat de François Lambert (le neveu de Vincent Lambert).
- Dr Éric Kariger, chef de l’unité des soins palliatifs du CHU de Reims à l'époque des faits et auteur du livre Ma vérité sur l’affaire Lambert, publié aux éditions Bayard.
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