"Une policière m’a dit que c'était parole contre parole" : Tiphanie Bel raconte son parcours du combattant pour déposer plainte contre son bourreau

Elle l'appelle par son prénom, "Olivier". Dix ans après sa rencontre avec cet officier de policier judiciaire, Tiphanie Bel s'émeut encore de l'écoute de cet agent qui lui a permis de déposer plainte à l'encontre de son ex-compagnon Rudy. Pendant un an et demi, cet homme violent est allée jusqu'à la séquestrer plusieurs semaines chez lui.

Olivier, est arrivé tard dans son parcours : il a fallu un an pour que Tiphanie Bel soit prise au sérieux. "J'ai rapidement pris conscience de la violence que je vivais", confie-t-elle dans Les Voix du crime, un podcast RTL. En 2025, elle a publié Vivante! (Michalon), récit de son calvaire sous emprise de Rudy, un homme rencontré par l'intermédiaire d'une de ses collègues. 

C'est après avoir été séquestrée chez lui qu'elle se décide à déposer plainte. Elle se souvient de son premier déplacement au commissariat... peu fructueux. "Je suis accueillie par deux vieilles portes qui ne fermaient pas très bien. Dans un accueil où tout le monde m'écoute, tout le monde me regarde, où je dois décliner mon identité bien haut et fort, où je dois exprimer aussi le motif de ma venue. Et finalement, je suis accueillie par un agent de police féminin qui ne veut pas m'écouter."

Elle m'a dit que c'était parole contre parole et qu'il ne fallait pas être jalouse

Tiphanie Bel

Cette première interaction avec une policière rajoute au traumatisme de Tiphanie. "La première fois, elle m'a dit que c'était parole contre parole et qu'il ne fallait pas être jalouse que ce monsieur pouvait se remettre avec sa femme. J'étais un petit peu l'ex, un peu jalouse dans son ressenti. Je suis repartie."  À l'époque Rudy est de retour chez lui, avec Tessa sa femme et ses deux enfants. La détermination de Tiphanie à déposer plainte va finalement l'effrayer et l'homme va fuir en Haute-Savoie.

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Tiphanie, elle, fait plusieurs allers-retours au commissariat. "Les autres fois je ne suis pas entendue, je ne suis pas crue, insiste-t-elle. Je suis un peu moquée aussi parfois et en général plus par des agents de police féminins que par des hommes." C'est finalement la présence de Tessa, la femme de Rudy, qui va lui apporter le poids nécessaire pour signaler correctement les violences qu'elles ont toutes deux subies. Cette dernière se manifeste, inquiète que son mari se soit enfui avec leurs enfants.

"J'ai dit à Tessa, 'je veux t'aider, mais cette fois-ci tu portes plainte avec moi parce que jusque maintenant on ne m'a pas entendue'. Du coup, là c'était nous deux contre lui", se souvient Tiphanie. Finalement c'est à deux qu'elles retournent au commissariat. "Olivier" les reçoit chacune leur tour : d'abord Tessa, qui ne rapporte pas tous les faits de violences physiques et sexuelles vécues pendant la période où Tiphanie était séquestrée chez eux. Cette dernière décide qu'il faut réessayer : "On y retourne le lendemain, on redemande rendez-vous et là, je suis entendue dans la foulée. Et c'est là où on commence à pouvoir déposer plainte."

En 2018, Rudy est condamné à 18 ans de réclusion criminelle pour des faits de viols, violences et séquestration sur Tessa et Tiphanie mais aussi sur sa propre fille. Aujourd'hui Tiphanie témoigne de l'enfer qu'elle a vécue pour sensibiliser au phénomène de l'emprise, dont elle a été victime de la part de cet homme pervers et violent.

Si vous ou un(e) de vos proches est victime de violences conjugales, composez le 3919, numéro d'écoute gratuit et disponible 7j/7 et 24h/24. En cas d'urgence appelez le 17.

 >> Les Voix du crime sont avocats ou avocates, enquêteurs ou enquêtrices, proches de victimes, de suspects ou de coupables. Ces témoins-clefs se confient au micro des journalistes de RTL. Des témoignages inédits, qui apportent un éclairage nouveau sur la justice et les grandes affaires criminelles d’aujourd’hui.


Deux fois par mois, l'une de ces Voix du crime nous raconte son point de vue sur une affaire criminelle. Un podcast RTL.

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