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"Une cartouche de chasse en plein visage" : des magistrats témoignent des menaces et agressions violentes qui émaillent leur quotidien

Les magistrats doivent faire face à une violence de plus en plus décomplexée. Dernier exemple en date, celui de la présidente du tribunal qui a condamné Nicolas Sarkozy, menacée de mort suite au verdict concernant l'ancien président.

Une salle d'audience d'un tribunal (illustration)

Crédit : Thomas COEX / AFP

"Une cartouche de chasse en plein visage" : des magistrats témoignent des menaces et agressions violentes qui émaillent leur quotidien

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"C'était comme une cartouche de chasse en plein visage" : une magistrate raconte sa violente aggression

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Hermine Le Clech - édité par Nathan Joubioux

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Depuis la condamnation de Nicolas Sarkozy pour association de malfaiteurs, la semaine dernière, les menaces contre la juge qui a présidé le tribunal se multiplient. Un cas loin d'être isolé. Car ces menaces, parfois ultra-violentes, sont devenues presque banales pour ceux et celles qui rendent la justice. L'année passée, quelque 622 agents du ministère de la Justice ont été agressés ou menacés, dont 49 magistrats.

C'est le cas de Magalie Tabareau, présidente aux assises de Versailles. En juin 2019, elle a été victime d'une tentative d'assassinat. Ce jour-là, elle a vu sa vie défiler devant ses yeux. "Quelqu'un a sonné à ma porte, je suis allée ouvrir et, là, je me suis trouvée devant un homme qui a sorti une arme et qui m'a tiré en pleine tête. C'était comme une cartouche de chasse en plein visage. Il m'a simplement dit que c'était la part de ses collègues", raconte-t-elle.

La magistrate de 56 ans, habituée aux affaires de narco-banditisme, échappe de peu à la mort. Au total, elle subit huit opérations au visage, puis est placée sous protection policière pendant deux ans. Malgré cela, elle a repris le travail quelques mois seulement après sa tentative d'assassinat, alors même que le tireur n'a pas été identifié.

"Vous regardez toujours derrière vous. On fait l'objet de menaces constantes qu'on prend souvent par-dessus la jambe parce que ça devient tellement récurrent et tellement constant que si on les notait tous, on arrêterait nos fonctions", souffle-t-elle. Magalie Tabareau, qui dénonce une violence de plus en plus décomplexée dans les tribunaux, n'est donc pas surprise des menaces de mort qu'a subies la présidente du tribunal ayant condamné Nicolas Sarkozy.

Responsabilité des politiques

Si cette violence était particulièrement connue dans les affaires de narco-banditisme et de narcotrafic, elle s'étend de plus en plus aux magistrats spécialisés dans les affaires de corruption. Ludovic Friat, président de l'Union syndicale des magistrats, décrit des menaces qui sont devenues monnaie courante dans les tribunaux, y compris pour les affaires de corruption politique, comme cela a également été le cas dans le procès de Marine Le Pen.

"Ce sont des gens qui sont persuadés que les juges profitent de leurs fonctions pour se débarrasser d'un opposant politique", assure-t-il. "On a reçu des choses du style “on l'attendra”. C'est une violence extrême", dénonce-t-il.

D'après lui, les hommes et les femmes politiques ont une responsabilité très importante dans cette augmentation de la violence. "Il faut que les politiques disent clairement qu'on ne menace pas les magistrats. Et la première chose à faire, c'est de ne pas avoir une parole qui désigne les magistrats à la vindicte populaire ou leur mettre une cible dans le dos", assure Ludovic Friat. "C'est sûr que si vous dites “les magistrats qui m'ont jugé ont agi par haine pour se débarrasser de moi”, vous ouvrez le champ des possibles à certaines personnes qui sont prêtes à tout entendre ou à faire n'importe quoi."

Démocratie en danger

Mais comment mieux protéger les magistrats aujourd'hui ? Une solution a été trouvée : la création d'un bureau dédié à cette question au sein du ministère de la Justice

Aujourd'hui, quinze à vingt magistrats en France sont sous protection policière, selon nos informations. Certains se sont même vu conseiller de faire deux fois le tour des ronds-points au moment de rentrer chez eux, ou de reprendre leur nom de jeune fille.

Ce lundi 29 septembre, le président du tribunal judiciaire de Paris, Peimane Ghaleh-Marzban, l'a assuré : la solution, c'est la pédagogie. "Quand vous avez un jugement de 400 pages, sa lecture est âpre. Donc, il faut quelqu'un qui puisse expliquer la décision. Avoir des porte-paroles qui vont pouvoir répondre aux questions", avance-t-il. Des porte-paroles qui doivent donc, d'après lui, aller au contact du public afin de désamorcer d'éventuels conflits.

De son côté, le procureur du Parquet national financier assurait, il y a quelques jours, que le socle de la démocratie était en danger quand les magistrats sont pris pour cible.

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