Trafic de drogue : comment les douaniers d’Orly traquent les passeurs en scrutant "tous les profils"

Une vague blanche déferle sur la France : une vague de cocaïne. Ces derniers jours, ce sont 200 kg de cocaïne ont été saisis à Roissy, tandis qu'un record impressionnant de 10 tonnes a été intercepté début mars dans le port de Dunkerque. La tendance est claire : la hausse des saisies de stupéfiants est bien présente, notamment dans les aéroports.

C'est à Orly, Terminal 3, que commencent les saisies. Il est 6h50, un vol en provenance de Fort-de-France vient d'atterrir. Les 400 passagers récupèrent leurs valises et passent le contrôle des douanes. "Rien de particulier à déclarer au service des douanes ? " interroge un douanier. En à peine 10 minutes, cinq passagers sont contrôlés. Parmi eux, l’un cache un kilo de cocaïne dans un pot de compléments alimentaires.

Deux autres sont suspectés d’avoir ingéré des ovules de cocaïne. Ces petits paquets sont dissimulés dans leur estomac. L'un des suspects, de nationalité allemande et parlant uniquement anglais, sera soumis à un test urinaire pour vérifier la présence de drogue dans son organisme.

Une suspecte prise en flagrant délit

La procédure se poursuit dans les bureaux des douanes, situés derrière une porte, dans le hall d’arrivée. Plusieurs pièces y sont aménagées, dont une avec deux cellules de rétention. En attendant, les suspects enchaînent les verres d’eau, mais aucun d’entre eux ne parvient à uriner. Le chef divisionnaire des douanes d’Orly explique : "Quand une personne accepte le test urinaire, mais n’arrive pas à uriner, cela peut être un signal qu’elle sait qu’elle a des ovules dans le corps, et que la trace de cocaïne se retrouvera dans ses urines."

La cocaïne transportée, souvent en provenance d’Amérique du Sud, est d’une pureté extrêmement élevée. Un risque majeur se pose : si l’un de ces ovules venait à se fissurer ou éclater, c’est une overdose assurée. Après un long moment de refus, l’une des suspectes, une Nigérienne avec un visa italien, finit par accepter le test urinaire. Un moment rare, presque exceptionnel, que les douanes permettent de suivre. "Avez-vous avalé quelque chose ? Le test urinaire est positif. Avez-vous de la drogue cachée quelque part dans votre corps ?" Interroge une inspectrice. "Non, je n’ai rien sur moi." rétorque la suspecte.

Avant que cette dernière ne soit accompagnée à l’hôpital pour effectuer un radio, elle passe aux aveux : "J’en ai avalé, mais je ne sais pas combien. C’est la première fois", déclare-t-elle. Le second suspect avoue également. Il a dans l’estomac plus d’un kilo et demi de cocaïne. Les deux sont immédiatement évacués en urgence à l’hôpital pour que la drogue soit éliminée. Au total, ce matin-là, les douanes auront intercepté 4 kg de cocaïne sur trois passagers.

"Nous restons ouverts à tous les profils"

Mais comment les douaniers parviennent-ils à repérer ces passeurs de drogue parmi la foule de passagers ? Ils utilisent de nombreuses techniques. Tout d’abord, ils scrutent les incohérences. Pourquoi une valise aussi petite pour des vacances aux Antilles ? Pourquoi une escale de plusieurs jours à Paris alors que la personne réside en Italie ou en Allemagne ? Mais surtout, les douaniers ne se laissent pas enfermer dans des profils types.

"Les trafiquants de drogue savent parfaitement utiliser l’ensemble des profils de la population pour transporter la drogue de manière discrète", précise le chef divisionnaire des douanes d’Orly. "Nous restons ouverts à tous les profils : hommes, femmes, jeunes, plus âgés, peu importe l’origine ou la nationalité. Tout peut être un critère important."

Les saisies de stupéfiants ne cessent de croître. Laurent Miassod, directeur régional des douanes d’Orly, indique : "En 2023, au sein de la direction interrégionale des douanes de Paris Aéroport, qui couvre Roissy, Orly et l’aéroport du Bourget, un peu moins de 10 tonnes de produits stupéfiants ont été saisies." Il précise également que "la tendance pour 2024 est nettement à la hausse, avec une augmentation de près de 50 %." En 2023, ce sont plus de 2 tonnes de cocaïne qui ont été saisies dans les aéroports parisiens.

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