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Trafic de drogue : comment certaines villes essayent de lutter contre "les commerces de façade"

À Montpellier, les magasins servant à blanchir l'argent du trafic de drogues se multiplient. Le maire a décidé de durcir le ton devant ces commerces illicites.

Deux personnes sont mortes le 20 février 2024 devant le tribunal judiciaire de Montpellier

Crédit : PASCAL GUYOT / AFP

RTL ÉVÉNEMENT - Blanchiment de l'argent de la drogue : Montpellier veut lutter contre les commerces de façade

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Dans de communes comme Mâcon ou encore à Besançon, les forces de polices voient fleurir ce qu'on appelle des commerces de façade. Autrement dit, des magasins dont le rôle est clairement de blanchir l'argent du trafic de drogue. C'est dans une de ces villes touchées, à Montpellier, que le maire a décidé de durcir le ton. Il s'agit de notre événement ce matin sur RTL, avec Patrick Tejero.

Michael Delafosse, maire de Montpellier, souhaite pouvoir autoriser ou non l'ouverture de certains commerces. Dans son viseur, les épiceries de nuit. On en comptait à peine une vingtaine il y a 20 ans. Aujourd'hui, il y en a près de 200.

On peut compter les barbiers, les coiffeurs, les fast-foods qui s'alignent. Parfois collés les uns aux autres dans certaines rues de quartiers bien identifiés. Leurs points communs ? Peu ou pas de clientèle, on n'y paie qu'en espèces, et devant, on y remarque des individus oisifs, mais soupçonneux.

Des intimidations parfois mortelles

En octobre dernier, deux épiceries ont été incendiées, causant deux morts. Les établissements étaient mêlés à une querelle vis-à-vis de points de deal. "Désormais, les bandes rivales se disputent aussi les commerces de blanchiment." Sébastien Cote, adjoint au maire en charge de la sécurité à Montpellier, explique d'ailleurs la situation qu'il observe dans sa ville.

"J'ai eu plusieurs témoignages de gérants de commerce tout à fait honnêtes qui m'ont dit avoir vu entrer dans leur boutique des gens qui leur mettaient des enveloppes sous le nez de plusieurs dizaines de milliers d'euros pour acheter leur fonds de commerce. Et quand ils ne le faisaient pas, ils avaient un incendie. On a régulièrement dans certains quartiers des épiceries de nuit ou des salons de coiffure qui sont victimes de coups de pression, des rafales dans les jambes des clients. On ne va pas me dire que c'est parce que ces gens-là font de l'épicerie" déplore l'élu atterré par ce phénomène.

Pourtant l'omerta est totale. Les riverains baissent les yeux et les commerçants suspects jouent les naïfs. L'un d'entre eux, interrogé par RTL, semble ignorant du problème, "Blanchiment de l'argent, c'est la première fois que j'entends blanchiment de l'argent au commerce. Vous avez des preuves ? Je ne sais pas. Je ne peux pas vous répondre" assure l'homme de façon expéditive.

Force est de constater que la riposte de la police est confrontée à beaucoup d'embuches. Comme tout ce qui concerne le narcotrafic, les enquêtes sont chronophages pour des résultats modestes. David Auger, le représentant du syndicat Alliance Police Nationale dans l'Hérault, témoigne de ce parcours difficile. "Ça demande des heures de surveillance, ce qu'il faut faire devant une épicerie. Il faut voir les entrées et les sorties" constate-t-il.

Le maire de Montpellier veut agir contre le narcotrafic

Devant la multiplication de ces commerces problématiques, le maire de Montpellier, Michael Delafosse cherche à les réguler, voire les interdire. Il voudrait que ces commerces suspects soient soumis à autorisation."Je souhaite pouvoir, à une sorte de plan local d'urbanisme, comme on autorise la construction ici de maisons ou là d'immeubles, explique l'élu local. "Ça nous permettrait d'agir contre le narcotrafic et c'est un travail commun avec les services du préfet que je veux saluer pour faire des fermetures administratives et donc essayer de lutter contre ce phénomène" assure Michael Delafosse.

Pour l'instant, le maire ne dispose que des moyens du bord, mais multiplie les rachats de baux commerciaux dans l'objectif d'acquérir une grande quantité de ces commerces et les fermer. D'après lui, "d'ici à quelques mois, on va prendre le bulldozer et on va aller les raser face au narcotrafic par tous les moyens, ne rien lâcher, être résolu, être déterminé". Une lourde tâche au vu de la situation de la ville du sud de la France. En 2023, la préfecture de l'Héraut a fait fermer 73 commerces soupçonnés de blanchiment de l'argent ou de drogue dans le département. On estime qu'il y en aurait plusieurs centaines en activité dans la seule ville de Montpellier.

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