Samedi 23 novembre 1991, le commissariat du Havre est alerté par un appel anonyme de la présence d'un cadavre dans un immeuble délabré du quai de la Saône. Dans le deux-pièces, les policiers découvrent le corps décapité de Suger Leclerc, un marginal inoffensif de 58 ans. Sa tête est introuvable.
Dans les jours qui suivent, un jeune homme est surpris sur les lieux. Il s'agit de Stéphane Delabrière, 21 ans. Il avoue rapidement le meurtre de Suger Leclerc qu'il connaissait bien. Un jour, il l'écoutait parler, puis il l'a cogné avec une barre de fer. Le lendemain, il est revenu avec une hache pour lui couper la tête.
"Il est absolument fasciné par les forces démoniaques. Lorsqu'il a décapité son ami, il a vécu plusieurs jours avec la tête. Il l'avait posée sur un bout de la table où il s'installait lui-même pour manger et il lui parlait. Il interrogeait la tête en lui demandant : "C'est comment l'enfer ?". Jusqu'au moment où la tête a fermé les yeux, il a été très déçu, relate Me Richard Sédillot, avocat au barreau de Rouen. Il l'as mise dans un sac à dos pour partir en vadrouille avec. C'était une obsession, il voulait savoir comment était l'enfer."
Le jeune homme ajoute qu'il a aussi tué Madeleine Marabuto, 63 ans, greffière au tribunal de Paris, un an et demi auparavant. Le 28 avril 1990, il est rentré chez elle pour la cambrioler. Elle lui est tombée dessus, il l’a frappée avec un marteau, égorgée et violée alors qu'elle était morte.
Mercredi 11 décembre 1991, Stéphane Delabrière est transféré à la maison d'arrêt Bonne Nouvelle à Rouen. Il est signalé comme "très dangereux pour troubles du comportement" par l'administration. Il n'est toutefois pas à l'isolement. Pourtant, en 1992, Francis Caron, surveillant, est aussitôt frappé de plusieurs coups de couteau dans le dos alors qu'il inspectait la cellule occupée par Stéphane Delabrière.
En 1995, l'homme âgé de 26 ans comparait devant la cour d'assises de la Seine-Maritime, à Rouen. Il explique dans le détail, d'une voix froide comment il a tué les trois victimes : aucun mobile, juste l'envie de donner la mort. Il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Il est finalement transféré à l'unité pour malades difficiles de l'hôpital psychiatrique de Sarreguemines, en Moselle.
"Il n'est resté que deux mois en prison et fort heureusement, on l'a orienté vers une unité pour malade difficile, ce qu'on aurait dû faire avant. S'il était resté en prison, il aurait tué à nouveau", explique Daniel Zagury, expert-psychiatre auprès des tribunaux, qui a expertisé Stéphane Delabrière. Avant le troisième meurtre, il avait déjà averti de la dangerosité extrême de ce patient.
- Daniel Zagury, expert-psychiatre auprès des tribunaux, a expertisé Stéphane Delabrière et auteur du livre Comment répondre au massacre de la psychiatrie française ? publié aux éditions Alpha.
- Me Richard Sédillot, avocat au barreau de Rouen et avocat de la famille de Francis Caron (le surveillant de la prison).
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