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Qui est Gabriel Fortin, le "tueur de DRH" ?

En juin 2023, devant la cour d'assises de la Drôme, se tiendra le procès de Gabriel Fortin. Cet ingénieur de 45 ans sans emploi, surnommé le "tueur de DRH" comparaîtra pour trois assassinats et une tentative d'assassinat.

Une patrouille de gendarmerie (illustration)
Une patrouille de gendarmerie (illustration)
Crédit : DENIS CHARLET / AFP
L'INTÉGRALE - Gabriel Fortin, "le tueur de DRH" : une vengeance muette
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L'ENQUÊTE - Gabriel Fortin : qui est celui qu'on surnomme "le tueur de DRH"
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Jean-Alphonse Richard

Le nom de Gabriel Fortin apparaît brutalement à l'hiver 2021, soupçonné d'être l'auteur de deux crimes de sang froid dans la Drôme et l'Ardèche. Pas du tout psychopathe, il ciblait parfaitement ses victimes pour assouvir une vengeance longuement ruminée contre ceux qui l'avaient humilié. Une dérive meurtrière dont il sera jugé aux assises en juin 2023.

Le 28 janvier 2021, Gabriel Fortin a parcouru 4 kilomètres pour abattre de la façon la plus gratuite qui soit deux femmes : Patricia Pasquion, employée au Pôle Emploi de Valence ainsi que Géraldine Caclin, la DRH de l'entreprise Faun Envirronment, à Guilherand-Granges.

Même description, même mode opératoire, même nom laissé à l'accueil pour entrer sur les lieux, les policiers finissent par retrouver le responsable des fusillades. Deux jours auparavant, l'ancien ingénieur a tué une femme et tiré sur un homme.

Le 26 janvier 2021, Estelle Luce, une DRH exerçant en Drôme-Isère, est retrouvée morte sur le parking de son entreprise. Pas moins d'une heure après le crime, Bertrand Meichel, également DRH, raconte avoir été attaqué chez lui par un faux livreur de pizza, avant de le manqué de peu. Quel est le fil rouge qui peut relier ces quatre enquêtes ? 

Tuer pour se venger

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Face aux policiers, Gabriel Fortin reste muet. Après 48 heures de garde à vue, l'ingénieur est toutefois mis en examen pour avoir donné la mort avec préméditation. "C'est un anonyme parmi les anonymes. C'est quelqu'un qui est assez solitaire, taciturne. Il est décrit par ses camarades d'école ou ses collègues comme très discret, quasiment mutique qui ne parle pas", décrit Alain Cheval, journaliste aux DNA.

Dans l'enquête, il apparaît que Gabriel Fortin a été salarié de Knauf Envirronement en tant qu'ingénieur-mécanicien. La direction avait demandé son licenciement et Géraldine Caclin, l'une des victimes, avait fait passer l'entretien préalable de licenciement. Bertrand Meichel se souvient avoir licencié cet homme quatorze ans auparavant pour faute, alors que ce dernier travaillait comme ingénieur chez Francel. Estelle Luce était alors sa stagiaire. 

Dans ces effets personnels, de lourds armements sont retrouvés. Son itinéraire du 28 janvier 2021 est décrypté. "Entre les meurtres du nord de la France et les meurtres en Drôme et en Ardèche, 500 kilomètres les séparent.

En réalité, il aura parcouru plus de 1.500 kilomètres. Donc, il a fait des détours et tous ne sont pas expliqués, détaille M° Hervé Gerbi, avocat des sœurs de Patricia Pasquion, au micro de RTL. "Il est possible qu'il ait fait d'autres repérages. Et vu l'armement qui était encore avec lui lorsqu'il a été interpelé, il est fort probable qu'il ne comptait pas s'arrêter à Knauf Envirronement". 

Une psychose meurtière

Le suspect garde le silence, nie les faits, mais ne cesse d'écrire. Toutes ces notes saisies sur son ordinateur, mais aussi en prison, confirment un long ressentiment. Fortin y exprime tout son ressentiment vis-à-vis des employeurs qui l'ont mis à la porte et envers cette justice qui ne lui aurait pas tendu la main.

"Je pense qu'il se donne le droit de tuer des gens", déclare M° Jean-Marc Muller-Thomann. "Il est seul face à ses souffrances, d'avoir été mis de côté, et tout cela nourrit cette psychose. On se rend compte finalement que tout était programmé. Il notait et classait tout. C'est ce qui donne ce côté inquiétant". 

"Gabriel Fortin, c'est quelqu'un qui n'est responsable de rien. Il a une conception des choses qui est bien à lui, comment les entreprises doivent fonctionner, comment l'indemnisation des chômeurs, comment la justice doit fonctionner. Lorsque vous n'êtes pas dans sa conception, vous avez tout faux. Ce n'est pas un justicier, ce n'est pas Robin des Bois. Il ne sert que ses intérêts", rajoute M° Hervé Gerbi.

Il rajoute : "Je crois que Gabriel Fortin nous a tous mis en position d'attendre ce qu'il va dire. Et moi, je n'ai pas envie que nous soyons dans cette position. Le dossier parle et s'il ne veut pas parler, ça le regarde. Mes clientes n'attendent rien de lui. De toute façon, il sera jugé".

Écroué au centre pénitentiaire de Valence, Gabriel Fontin y attend son procès, fixé au début de l'été 2023, du 12 au 30 juin 2023. Il a refusé de parler aux psychiatres désignés lors de l'instruction. Il refuse également tout suivi psychologique en détention. 

Les invités de "L'Heure du crime"

- Maître Hervé Gerbi, avocat des sœurs de Patricia Pasquion, l’une des victimes. 
- Maître Jean-Marc Muller-Thomann, avocat de la famille d’Estelle Luce, une des victimes.
- Alain Cheval, journaliste aux DNA.



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