Uderzo et Goscinny, le secret de la potion magique (1/4)
6 min de lecture
Astérix en Lusitanie
Crédit : Astérix - Obélix - Idefix / 2025 / HACHETTE LIVRE / GOSCINNY - UDERZO
C'est l'événement de l'année en librairie, avec l'arrivée ce jeudi 23 octobre d'une nouvelle aventure d'Astérix et Obélix : Astérix en Lusitanie, 41e album de la série et 25e voyage pour nos deux gaulois. Les voici donc cette fois-ci embarqués en Lusitanie, ancienne province romaine qui correspond à une partie du Portugal d'aujourd'hui.
Nous sommes donc en 50 avant Jésus-Christ et comme la Gaule, le Portugal est occupé par les romains. L'histoire démarre par l'arrivée au village, un beau matin de printemps, d'un personnage déjà vu en 1971 dans le Domaine des dieux. Ce Lusitanien nommé Boulequiès a profité d'un voyage et du bateau d'Epidemaïs pour venir demander de l'aide à nos amis gaulois.
Face à ses interlocuteurs médusés, il explique que son plus grand ami, Mavubès, est accusé d'avoir voulu empoisonner César avec le garum (une sorte de sauce à base de poisson) qu'il produit... "C'est une aberração !", lance Boulequiès, d'autant que César, pour cet acte, a ordonné que Mavubès soit jeté aux lions.
Démarre alors une aventure teintée de saudade (la mélancolie portugaise), faite de rencontres avec le traître Pirespès et d'un gouverneur corrompu Pluvalus qui grâce à l'arrestation du petit producteur de garum va pouvoir placer auprès de César la production de son cousin Crésus Lupus et son Garum Lupus. Voilà pour l'histoire, que l'on découvre dans les deux première pages de la bande dessinée.
Un album truffé de jeux de mots et de clins d'œil au Portugal. À vous de tenter de découvrir un célèbre footballeur, mais aussi un personnage historique et grand résistant aux romains (qui a vraiment existé). Un album qui se met aussi à la page de notre époque : en deux cases vous découvrirez un "rééquilibrage linguistique". Un album où Astérix et Obélix vont également tout donner au point de devenir... méconnaissables.
Pour leur deuxième collaboration, Fabcaro et Didier Conrad montrent ici à quel point leur duo fonctionne bien. Le scénario est ciselé, truffé de références, y compris à Voltaire, et Didier Conrad utilise une incroyable palette de couleurs qu'on découvre en allant au Portugal.
"Dans ce cas-là, c'était particulièrement agréable", explique Didier Conrad, qui signe son 7e album d'Astérix, à RTL. "Parce que d'abord, j'aime bien le Portugal, je n'y suis allé qu'une fois mais c'est assez proche du Texas au niveau climat et où j'habite, donc c'est chaud ou humide... Mais je n'ai pas pu dessiner de palmiers, (...) je voulais (en) mettre des palmiers partout et Céleste Surugue, l'éditeur d'Astérix m'a dit, non, il n'y a pas de palmiers. Il n'y avait pas de palmiers à l'époque. Il ne voulait pas qu'il y ait de palmiers parce qu'il n'en avait pas vu, simplement. Voilà."
Et c'est justement là-bas, au Portugal, que Fabcaro accompagné de l'éditeur Céleste Surugue est allé pendant trois jours en repérage alors que le scénario était encore en écriture. "J'ai commencé à écrire l'histoire sans me déplacer, de manière assez théorique en fait, en me renseignant, en faisant des recherches historiques sur le Portugal, sur la Lusitanie à l'époque", détaille le scénariste à RTL.
"Et à mi-album, à peu près à mi-parcours, on a eu envie, quand même, avec l'éditeur de venir un petit peu sentir l'âme du Portugal", poursuit-il. "C'est pas le tout de bosser sur du théorique, venir c'est s'imprégner un petit peu de l'âme portugaise. On est donc venu passer trois jours en repérage, prendre des photos pour Didier Conrad, pour le dessinateur."
"Et ça nous a apporté plus que prévu", assure Fabcaro. "En fait, ça a aussi enrichi l'histoire. En venant ici, ça nous a apporté d'autres éléments d'histoire." Des éléments comme une carrière de pierres ou le célèbre palais national de Pena.
"Dans mon histoire, je parlais d'une prison" explique Fabcaro. "Mais pour moi, la prison était très abstraite. Pour moi, c'est une prison, elle était à l'intérieur de la ville. C'est un bâtiment banal. Et puis, quand on est venu ici en repérage, on a vu ce château-palais qui est magnifique. On s'est dit, mais voilà, c'est là ! Une forteresse qui fait prison !. La tour de Bélèm aussi a été une source d'inspiration. Les bâtiments venaient s'ajouter presque comme des personnages à part entière en fait."
Le palais national de Pena joyau qui couronne les collines de Sintra
Crédit : Laurent Marsick / RTL
Fait notable, cet album de voyage est vraiment un album de voyage. Comprenez par-là que Fabcaro comme Didier Conrad ont créé une vraie progression dans l'aventure d'Astérix et Obélix : rencontres connexes, paysages qui changent plus ils approchent de Lisbonne... "J'aimais bien l'idée de road trip, en fait", explique Fabcaro.
"Ils arrivent, ils débarquent en bateau dans un petit village de pêcheurs, et ils doivent se rendre à Lisbonne", décrit-il. "Donc, oui, c'est une espèce de road trip que nous-mêmes, on a fait. On s'est rendus dans ce village. Pareil, sur la carte, on avait repéré un petit village de pêcheurs, mais il fallait l'incarner. Donc on y est allé, on s'est rendu, on a fait le trajet de ce petit village à Azenhas do Mar jusqu'à Lisbonne parce qu'il fallait que ce soit aussi crédible sur le road trip, sur le voyage. Il fallait que ce soit assez documenté et assez concret."
Comme tous les albums d'Astérix, l'humour est évidemment présent à chaque coin de bulle, et se cache même parfois là où on ne l'attend pas... Par exemple dans une histoire où les auteurs dénoncent les ultra-riches et la mondialisation.
"Ça c'est une espèce aussi de tradition de Astérix, c'est-à-dire qu'il y a le côté aventure, comédie, et en filigrane, il y a toujours une petite actu, en tout cas un fait sociétal ou politique, entre gros guillemets", décrypte Fabcaro. "Ça, je crois que ça revient à peu près dans tous les albums. Et moi, j'ai voulu conserver ça. Alors, dans L'iris blanc, c'était plutôt développement personnel et tout ça. Là, j'ai profité du voyage et de cette histoire de garum artisanal versus garum industriel pour aborder la mondialisation, les grands échanges commerciaux, le bilan carbone. C'est un petit clin d'œil."
Et puis, vous verrez à la lecture de cet album, que bien d'autres choses se cachent dans cette histoire, de drôles de rencontres et... mais on ne vous en dit pas plus !
"C'est un album que les portugais attendaient depuis longtemps", confirme Rui Manuel Amaro, qui travaille au sein de l'équipe de l'office du tourisme du Portugal en France. "Pour nous c'est un vieux rêve", assure-t-il. "La notoriété de cet album, pour nous, c'est du pain béni. Honnêtement, on est super heureux et super fiers également."
"Astérix et Obélix, c'est très français, mais Astérix n'en n'est pas à sa première BD et il est déjà bien installée au Portugal", poursuit-il. "D'ailleurs, Astérix a un grand taux de notoriété parmi la population portugaise. J'imagine qu'aujourd'hui les auteurs de l'album ont fait des clins d'œil typiques sur le Portugal. On attend ça avec impatience. Je suis persuadé que même la population portugaise va découvrir des petits centres d'intérêt, des curiosités sur leur propre pays".
"Lisbonne et Porto ont déjà un grand taux de notoriété parmi les touristes français, le public français", remarque Rui Manuel Amaro "Et nous, notre souhait, au-delà, c'est de faire bouger les flux touristiques à la fois sur le territoire, ailleurs, à l'intérieur du pays." Et de vanter "des régions magnifiques comme le centre du Portugal" ou Alentejo, dans le Sud, "qui sont un peu moins connues en France, mais qui méritent largement le détour."
Le Portugal, c'est 4,3 millions de Français en visite en 2024, rappelle-t-il. "Sans compter tous ceux qui s'y sont installés au départ attirés par quelques allégements fiscaux, mais aujourd'hui, ils sont surtout là pour la qualité de vie."
Écoutez La saga Astérix, le nouveau podcast original de RTL. De la naissance d'une BD culte à un phénomène culturel mondial, la saga Astérix a connu une ascension fulgurante. Ce podcast retrace en quatre temps l'épopée du célèbre Gaulois : la création géniale d'Uderzo et Goscinny, l'envol spectaculaire grâce aux films d'animation, les défis des années 90, et la renaissance orchestrée par Alain Chabat dans les années 2000. Une histoire captivante qui continue de séduire toutes les générations.
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