Marine Le Pen veut défendre le RN. Le parti, neuf anciens eurodéputés (dont Marine Le Pen) et leurs anciens assistants parlementaires sont jugés pendant deux mois pour détournement de fonds publics, recel ou complicité. Selon l'accusation, ces assistants parlementaires, qui parfois ne connaissaient même pas leur eurodéputé, travaillaient en réalité pour le parti, ce qui est interdit par la réglementation européenne.
Il est 21h passées quand la présidente lui donne enfin la parole, dans une salle quasi vide - l'immense majorité de ses 24 co-prévenus eux-mêmes sont absents ou déjà partis. Marine Le Pen s'avance à la barre, en tailleur noir et talons hauts. Non pas en tant que prévenue pour l'instant, mais en tant que représentante du Rassemblement national.
"L'activité politique est indissociable du mandat parlementaire, nous ne sommes pas des fonctionnaires, nous sommes des élus du peuple", scande en réponse Marine le Pen à la barre. "J'ai vraiment le sentiment que dans ce dossier, il y a énormément d'a priori, d'idées préconçues (...) fabriquées par la partie civile qui nous a engagé dans un tunnel comme un rongeur", dit-elle au sujet du Parlement européen dont le RN est "la bête noire", assure-t-elle.
Pendant près d'une heure, elle se lance dans une longue démonstration qu'on peine parfois à suivre, pour faire tomber "les idées préconçues" dans ce dossier où tout ce que fait le RN est forcément "suspect".
Elle s'emporte sur "la dureté" de l'administration européenne, explique le "bénévolat" qui régit la vie des partis politiques en France ou encore la "réalité" de la politique, que ceux qui n'ont pas pratiqué "connaissent mal". "C'est compliqué, la gestion d'un parti politique, j'espère vous transmettre ça pendant ces deux mois", dit-elle encore.
L'audience du jour avait débuté par l'habituel long et fastidieux résumé du dossier. Marine Le Pen - qui assure comme ses coprévenus n'avoir "violé aucune règle" - y était arrivée en avance, s'était installée au premier rang, attentive, fiches et stylo quatre couleurs à la main. Dans ce rapport, "beaucoup de choses m'ont semblé aller dans le même sens", pas dans le sien, grincera-t-elle plus tard à la barre.
La présidente Bénédicte de Perthuis avait repris l'affaire depuis le début. Du "courrier de dénonciation" du Parlement européen en 2015, à la perquisition menée en 2016 au siège du parti d'extrême droite, où la patronne avait filmé l'affront, contre l'avis des policiers, en coinçant son téléphone dans son décolleté. Avant de demander aux forces de l'ordre "s'ils viendraient le chercher".
"Ce qui donne le ton des investigations et du contexte des investigations", avait commenté le tribunal, sous les rires bravaches de Marine Le Pen et de ses coprévenus. "Je l'ai mal vécu, ils fouillaient dans mes dossiers de la présidentielle", justifie plus tard, à la barre, la cheffe de file du RN.
L'ambiance s'était tendue à la toute fin du rapport, quand la défense a découvert, mi-assommée, mi-furieuse, que la période de prévention du dossier n'était pas exactement celle qu'elle avait en tête. Et que le montant du "détournement" retenu par le tribunal se chiffrait en conséquence plutôt à 4,5 millions d'euros, alors que le Parlement européen comptait au départ en réclamer trois dans ce dossier.
Les avocats "découvrent", disent leur "surprise", s'insurgent que des contrats d'assistants parlementaires, écartés par la justice, reviennent désormais "par la fenêtre" pour démontrer "un système". "Aaaah... le système !", bouillonne Marine Le Pen, furibonde, depuis son banc. Plus tard à la barre, elle promet que ses "avocats feront leur travail" pour que l'affaire n'en reste pas là.
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