C'est une procédure qui devrait s'étendre jusqu'au mois d'octobre. Alexandre Benalla se trouvé à présent devant les tribunaux, jugé pour plusieurs faits dont les violences survenues le 1er mai 2018. Du lundi 13 au jeudi 16 septembre, il s'est présenté à l'audience, tiré à quatre épingles, en costume sombre et cravate différente chaque jour.
À la barre le premier jour, l’ancien adjoint au chef de cabinet d’Emmanuel Macron raconte son parcours, et revient son premier projet : devenir commissaire de police. La présidente du tribunal, Isabelle Prévost-Desprez, évoque la perquisition en juillet 2018, qu'avait commencé par refuser Alexandre Benalla. Il disait ne pas avoir les clés et ne voulait pas donner le numéro de sa compagne. L'accusé s'explique par la forte pression médiatique : "Il y avait des camions BFM et CNews en bas de chez moi, je voulais la mettre à l’abri".
Puis, la présidente évoque la disparition de son coffre-fort. "Vous ne trouvez pas que ces comportements, pour quelqu’un qui a voulu devenir commissaire de police, sont inadaptés ?", interroge-t-elle.
Petit à petit, se dresse le portrait d’un jeune homme passionné par la sécurité, l’armée mais aussi l’Élysée. Déjà, en 2011, Alexandre Benalla assurait la protection de Martine Aubry. Puis, sous François Hollande, il était question de lui donner un premier poste d’adjoint au chef de cabinet.
Le mardi 14 septembre, l'ancien collaborateur d'Emmanuel Macron perd son sang-froid pour la première fois. Après avoir évoqué le rapport difficile d'Alexandre Benalla avec la hiérarchie, la présidente du tribunal lui demande : "Pendant votre garde à vue, vous dites avoir perdu votre téléphone et vous l’avez retrouvé juste après ?". "Cela peut arriver", rétorque Alexandre Benalla. La présidente insiste : "On n’est pas très convaincu. Ici, on peut mentir comme on veut Monsieur Benalla, mais quand ça coince, ça coince".
La salle d'audience s’esclaffe, sauf Alexandre Benalla, piqué au vif. Il hausse le ton : "Chacun sa réaction. Vous savez comment vous auriez réagi si vous aviez eu les camions BFM en bas de chez vous ?". Cette fois, ce sont les huées qui montent de la salle. "Pourquoi on débat sur un téléphone ?", s’insurge Alexandre Benalla. "Ici, on ne débat pas, je vous interroge", réplique la présidente du tribunal.
Le prévenu continue d’une voix forte et évoque une construction médiatique : "Je n’ai jamais menti, me traiter de menteur, c’est un peu vexatoire". La présidente conclut : "Vous faites des erreurs de positionnement. C’est un peu comme si vous creusiez le trou pour vous mettre dedans ".
Le mercredi 15 septembre, le tribunal se penche sur le statut d'observateur qu'avait Alexandre Benalla lorsqu'il est venu assister, avec les forces de l'ordre, aux rassemblements du 1er mai 2018.
À la barre se sont succédés Alexandre Benalla, son ami Vincent Crase venu l'accompagner à la dernière minute, mais aussi Laurent Simonin et Maxence Creusat, à l'époque contrôleur général à la Direction de l'ordre public et de la circulation de la préfecture de Paris et commissaire.
Alexandre Benalla explique avoir voulu mieux comprendre le fonctionnement des forces de l'ordre en situation difficile, après qu'il se soit senti lui-même pris en défaut lors d'un déplacement en Guyane où il gérait en partie la sécurité du président. "Pour moi, c'est parfaitement clair que je viens voir seulement comment ça se déroule. Je suis en retrait, en écoute passive. La première heure, mon rôle d'observateur était parfaitement rempli", explique Alexandre Benalla. Il a ensuite interpellé violemment des jeunes, d'abord au jardin des Plantes, puis place de la Contrescarpe à Paris.
Le jeudi 16 septembre, dernier jour de cette première semaine de procès, est consacré à l'affaire des passeports diplomatiques. Entre 2018 et 2019, pendant six mois, l’ancien conseiller de l’Élysée a conservé et utilisé deux passeports diplomatiques après son licenciement. Grâce à eux, il a voyagé au Maroc, en Turquie plusieurs fois, au Cameroun, au Tchad et même aux Bahamas.
La magistrate interroge donc Alexandre Benalla sur ses besoins d’avoir un passeport de service, alors que ses missions avaient été restreintes après les événements du 1er mai. Ce à quoi Alexandre Benalla répond : "Pour accompagner le président et madame Macron dans leurs déplacements privés. Il faut toujours être prêt. Pour prendre un vol national, le train". La présidente s’étonne : "Même pour la SNCF vous devez en avoir un ? (...) Ou pour louer une voiture". "C’est un justificatif d’identité", explique-t-il. La magistrate, sceptique, rappelle qu’il a un passeport personnel. Alexandre Benalla patauge : "C’est rien du tout un passeport diplomatique, c’est un papier qui supporte votre nom votre prénom et une photo !". La présidente rétorque : "On se demande pourquoi on se décarcasse autant pour en avoir".