Dans la soirée du lundi 4 février 1974, un air de Mozart s'échappe du 2603 Benvenue Street, une maison à la façade en bois sur le campus de l'Université de Berkeley, près de San Francisco. Au rez-de chaussée, le professeur Steve Weed prépare du café. A l'étage, Patricia Hearst, "Patty", prend une douche. Le couple a emménagé il y a peu. A Noël, ils ont annoncé qu'ils allaient se marier.
Vers 21h00, on
sonne à la porte. Une femme, vient demander de l'aide pour qu'on pousse
sa voiture. Steve déverrouille la porte, il est aussitôt empoigné par deux
hommes armés, et est tabassé. Sa fiancée est sortie de la
salle de bains en entendant le bruit. On lui saute dessus. Elle est trainée de
force à l'extérieur où on la jette dans le coffre d'une Chevrolet qui démarre en
trombe. Patricia Hearst vient d'être enlevée.
La police est rapidement sur
place. La famille est prévenue. Vu le nom célèbre que porte la victime, l'affaire
est aussitôt éventée. La
mère de Patty, Catherine Hearst, voyait d'un mauvais œil le mariage de sa file
avec un prof plus âgé qu'elle. Tout comme cette installation à Berkeley, un
campus réputé dangereux.
En dépit de la fortune des Hearst, la police de San Francisco ne croit pas à un enlèvement crapuleux. Elle soupçonne dans un premier temps des activistes qui ont récemment menacé de s'en prendre aux blancs mais la présence d'une femme blanche dans le commando qui a attaqué le couple ne cadre pas avec ce scénario. Les enquêteurs sont totalement démunis. Pas de piste solide, pas d'indices, pas de témoin.
Huit jours après
l'enlèvement, une radio étudiante reçoit une lettre portant
l'emblème de l'ALS (l'Armée de Libération Symbionaise), un cobra à sept têtes. L'organisation demande à la famille
Hearst de distribuer de la nourriture aux plus démunis. On y entend la voix de Patty Hearst.
Elle rassure ses
parents sur son état de santé, elle ajoute en parlant de ses
ravisseurs : "Ces gens là ne sont pas une bande de fous. Ils ont été très
bien avec moi. Ils sont prêts à mourir pour ce qu'ils font. Je veux sortir de
là et le seul moyen d'y parvenir c'est de faire ce qu'ils te demanderont papa. S'il te plait, fais le, et fais le vite !". La police et la famille sont persuadés que Patricia parle sous la contrainte... Elle est en réalité gagnée par le syndrome de Stockholm.
- Jean-Marc Flahaut, écrivain, auteur du livre "Stockholm" aux éditions Interzone(s)
- Annette Lévy Willard, ancienne journaliste à
Libération qui a suivi l’affaire depuis les Etats-Unis