Mort de Nahel : le rapport d'intervention qui accrédite un possible mensonge policier

Plus d'une semaine après le tir policier qui a coûté la vie à Nahel et déclenché plusieurs jours d'émeutes en France, les déclarations initiales des deux motards restent au cœur de l'enquête. Un document consulté par RTL soulève de nouveau la question d'un éventuel mensonge policier immédiatement après les faits. 

Dans ce rapport qui retrace les minutes qui ont précédé et suivi le tir, il est d'abord écrit, à 8h19, "un coup de feu tiré par TM711". C'est le matricule de Florian M., le policier qui sera mis en examen deux jours plus tard pour homicide volontaire et incarcéré. Puis "le véhicule léger vient de s'encastrer dans un poteau". À 8h21 enfin, "conducteur inconscient" et la fiche signale que les sapeurs-pompiers sont avisés. Ils n'arriveront jamais à réanimer l'adolescent.       

À 8h22 arrive la phrase qui pose question. La fiche résume le compte rendu que les deux motards ont fait à leur hiérarchie, c'est le principe de ces documents. On peut lire "le conducteur a essayé de repartir en fonçant sur le fonctionnaire". À cette heure, les deux policiers ne savent pas encore qu'une vidéo a été tournée par une passante qui va contredire radicalement cette version.

Les policiers rédacteurs de la fiche ont-ils maquillé intentionnellement la vérité ? Pourquoi une version si différente, ce qui va apparaître ensuite dans les différents films de la scène, se retrouve-t-elle sur ce compte-rendu ? Questions cruciales auxquelles devra répondre l'enquête.

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Pour tenter d'y voir clair, l'IGPN s'est fait transmettre les enregistrements radio des échanges entre les deux motards et la salle de commandement ce matin-là, juste après le tir mortel. Selon nos informations, l'expression "en fonçant sur le fonctionnaire" n'a pas été prononcée telle qu'elle par les policiers sans que l'on sache les termes exacts qu'ils ont employés pour relater les faits. Le rédacteur du compte-rendu a-t-il déformé la réalité ? Pourquoi la phrase figure-t-elle en toute lettre dans la fiche d'intervention ?    L'IPGN devra répondre à ces questions.   

Dès les premières heures après la mort de Nahel, Yassine Bouzrou, l'avocate de la mère de Nahel, avait déposé plainte pour "faux en écriture publique" en réaction aux informations relayées par de nombreux médias, qui faisaient déjà état de cette version de l'intervention policière. Le parquet de Nanterre n'a pas, à ce jour, ouvert d'enquête sur ce volet de l'affaire. L'avocat juge désormais qu'"il existe bien un document rédigé par un policier et affirmant que Nahel a foncé sur un policier." Yassine Bouzrou estime que "ce mensonge matérialisé par un écrit est lourd de conséquence, car il a été utilisé par le procureur pour ouvrir une enquête contre Nahel pour tentative d'homicide sur un policier". La famille de Nahel a demandé dès l'origine un dépaysement de l'affaire dans une autre juridiction, procédure toujours en cours et qui doit être examinée par la Cour d'appel de Versailles.

La possibilité d'un mensonge des policiers a été écarté avec virulence ce week-end sur BFMTV, qualifiée "d'hérésie totale" et "d'absurdité" par Laurent-Franck Liénard. L'avocat de Florian M. a assuré que son client n'avait jamais dit que le conducteur lui fonçait dessus. Contacté par RTL au sujet de la fiche d'intervention, Me Liénard n'a pas répondu à nos sollicitations.                     

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