"Je suis rentré dans une colère noire et à partir de là, je lui ai mis des claques. Quatre ou cinq ou six, et pas des petites baffes". Il y a vingt ans, jour pour jour, le 1er août 2003, l'actrice Marie Trintignant était battue à mort par son compagnon, Bertrand Cantat. Cette célébrité de premier plan a été victime d'un féminicide, sans qu'il soit pourtant qualifié comme tel à l'époque. Son bourreau était Bertrand Cantat, le chanteur du groupe Noir Désir.
Le 27 juillet 2003, le Domina Plazza, une petite résidence hôtelière de luxe en plein centre de Vilnius, en Lituanie, est le théâtre du drame. Dans l'appartement numéro 35, le rockeur français Bertrand Cantat a rejoint la fille de Nadine et Jean-Louis Trintignant, Marie Trintignant, en tournage dans la capitale lituanienne. La soirée a été festive pour ce couple qui se fréquente depuis un an. L'alcool a coulé à flot et les joints ont été passés de mains en mains. Une dispute a éclaté entre les deux Français, dispute qui s'est prolongée dans leur chambre d'hôtel.
Dans le huis clos de leur chambre, qui deviendra une scène de crime, un SMS adressé à Marie par son ancien mari, le réalisateur Samuel Benchetrit, a mis hors de lui le chanteur de Noir Désir. Il lui a demandé de clarifier ses intentions à l'égard de son ancien compagnon. "Si notre relation ne te convient pas, tu n'as qu'à retourner chez ta femme", lui a répondu Marie.
Aux alentours de 1 heure du matin, les coups ont plu dans une pièce sans dessus dessous. Les chaises étaient renversées, les draps étaient au sol. Le chanteur a déshabillé et a couché Marie, inerte. Il dira plus tard ne pas avoir eu "conscience de la gravité de la situation". Les secours n'ont été alertés que six heures plus tard.
"Comme dans tous les cas de féminicides, ça n'arrive pas d'un moment à l'autre. Ce n'est pas un coup de folie, une dispute qui tourne mal, un geste qui pourrait entraîner une chute. Une dispute a déclenché les premiers coups, mais les coups sont d'une violence absolument sidérante", décrit Anne-Sophie Jahn, autrice du livre Désir Noir, pour lequel elle a enquêté sur l'affaire.
Le chanteur prétextera tout d'abord un accident. Marie Trintignant, qui a sombré dans un coma profond, a été conduite à l'hôpital de Vilnius où elle est morte le 1er août après son rapatriement à la clinique Hartmann de Neuilly-sur-Seine. Les légistes ont décrit la victime avec un visage tuméfié, un œil gonflé, l'arcade sourcilière ouverte, des hématomes sur les bras, un nez cassé. Elle a subi des lésions cérébrales identiques au syndrome du bébé secoué, qui témoignent de la violence des coups.
Bertrand Cantat, mis en examen pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, a été condamné en mars 2004 à 8 ans de détention pour meurtre. Il a quitté la prison où il était incarcéré quatre ans plus tard, le 15 octobre 2007, suite à une libération pour "conduite exceptionnelle".
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