Meurtre d'une postière à Montréal-la-Cluse : comment l'acteur Gérald Thomassin a été suspecté à tort

19 décembre 2008, Montréal-la-Cluse (Auvergne-Rhône-Alpes). Catherine Burgod, une postière de 41 ans, est retrouvée morte à son bureau de la poste communale. Poignardée vingt-huit fois, la défunte était enceinte de 5 mois. Sur la scène de crime, les enquêteurs découvrent que 2.000 euros ont été dérobés dans le coffre de son bureau. 

Le meurtre émeut la ville et chacun s'interroge : qui a pu commettre ce meurtre d'une telle sauvagerie, sur cette personne à priori sans problème ? Un suspect émerge et l'homme n'est pas inconnu du grand public : il s'agit de Gérald Thomassin, ancien César du meilleur espoir masculin en 1991. L'année du meurtre de Catherine Burgod, l'ancien prodige du cinéma français vit loin des caméras, dans un appartement social de Montréal-la-Cluse avec d'autres marginaux, en face de l'endroit où elle a été tuée. 

Le 12 juillet 2013, près de cinq ans après le meurtre, il est mis en examen pour "vol avec arme et meurtre sur personne chargée d'une mission de service public", mais l'homme clame son innocence. Dans les Voix du Crime, le frère de Gérald Thomassin, Jérôme Thomassin, est revenu sur la douloureuse épreuve qu'a traversée son frère. "Il n'en pouvait plus. Il disait 'on s'acharne sur moi Jérôme, ils sont sur moi (…) Mais j'ai rien fait. Je leur dis pourtant la vérité' (…) Moi je croyais Gérald. Il me disait, 'la seule bêtise que j'ai fait, c'est d'habiter là-bas'."

Faute de preuves, Gérald Thomassin est remis en liberté, deux ans plus tard, sous contrôle judiciaire. L'enquête se poursuit et deux nouveaux suspects sont arrêtés. En 2019, l'ancien acteur, lui, disparaît sans laisser de trace. Il n'a jamais été retrouvé à ce jour. Au mois de juin 2020, ce dernier bénéficie d'un non-lieu dans le meurtre de Catherine Burgod. 

Entre-temps un autre suspect est dans le viseur des enquêteurs : Mamadou Diallo, dont l'ADN a été retrouvé sur la scène de crime. Une preuve irréfutable. Le 20 octobre 2023, Mamadou Diallo est condamné par la Cour d'Assises du Rhône à 16 ans de réclusion. L'homme avait d'abord été acquitté au "bénéfice du doute" en avril 2022, avant que l'avocat général ne fasse appel. Ce dernier avait, lors du procès en première instance, réclamé une peine de 30 ans de réclusion criminelle.