Meurtre d'Anne-Marie Pignal : la mauvaise fortune d'un fils

La famille, l'argent et la colère. Toute l'affaire Pignal tourne autour de ces trois ingrédients qui, lorsqu'ils sont mélangés, peuvent donner un cocktail mortel. Le mardi 31 décembre 1996, Anne-Marie Pignal, 76 ans, est découverte gisant sur le dos, un couteau planté dans le cœur. Elle est décédée au bloc opératoire, après qu'elle est racontée avoir été agressée par deux hommes inconnus. 

Qui pouvait donc en vouloir à Anne-Marie Pignal ? Cette dernière était veuve depuis quatre ans. Son époux, ancien PDG de la société d'électronique Hitachi France, lui avait légué une très grosse fortune et la veuve gérait avec rigueur les affaires de la maison. Les deux héritiers de la malheureuse sont deux enfants que le couple a adoptés : Hélène, 43 ans, et Hugues, 42 ans. Ce dernier avait des rapports tendus avec sa mère qui lui reprochait de dilapider l'argent qui était à sa disposition. 

Hugues est alors le suspect qui retient toute l'attention des policiers, ainsi que deux hommes, Patrick Balland et Jean-Claude Hardy. Un puzzle macabre s'est alors assemblé. "Patrick Balland m'a toujours dit que c'était le fils, témoigne Pierre Perez, avocat de Patrick Balland, dans L'Heure du crime. 

C'était le seul qui avait intérêt à tuer

Maître Pierre Perez, avocat de Patrick Balland.

Placé en garde à vue, Jean-Claude Hardy a raconté avoir récupéré Balland au volant d'un utilitaire blanc, aux côtés de Hugues Pignal. Ils sont allés au domicile de la veuve fortunée. Un cri est entendu après que Hugues Pignal a pénétré seul dans la demeure. Balland et Hardy ont découvert une femme au sol, poignardée au cœur. 

"Les enquêteurs étaient beaucoup décontenancés dans ce dossier, entre les déclarations des uns et des autres qui étaient contradictoires, explique Jean-Marc Canova, ancien journaliste, au micro de RTL. "Ils n'avaient pas d'indices pour confondre les protagonistes, comme à chaque fois, ils cherchent à savoir à qui profite le crime. Ils comprennent très vite qu'il faut chercher du côté du fils, dont les dettes sont criantes". 

"C'est le seul qui avait intérêt à tuer, il a quand même dépensé en deux ans et demi avant qu'il ne soit incarcéré, 23 millions de francs. Il avait déjà mangé les 6 millions de francs après le décès de son père", atteste l'avocat Pierre Perez. 6 ans après les faits, le fils adoptif et deux hommes sont mis en examen pour meurtre. Seuls deux suspects se retrouvent aux assises. Patrick Balland a disparu mystérieusement dans le lac du Bourget lors d'une sortie en bateau. Son corps n'a jamais été retrouvé. 

Il n'y a pas d'éléments matériels

Serge Pueyo, correspondant RTL

Lors du procès, Hugues Pignal est resté sur la défensive, mais le juge ne croit pas à ses dénégations. "Il y a les accusations de Jean-Claude Hardy principalement, mais Patrick Balland a disparu, donc il n'est plus là pour témoigner. Le président est revenu en questionnant Jean-Claude Hardy en exprimant l'importance des déclarations puisqu'il accuse Hugues Pignal et s'il maintient ses déclarations, déclare Serge Pueyo, correspondant RTL, dans L'Heure du crime. 

Il poursuit : "Jean-Claude Hardy a dit très clairement : j'ai tout à fait conscience de l'importance de mes déclarations et je les maintiens. Ainsi, il y a bien les accusations de Jean-Claude Hardy, mais il n'y a pas d'éléments matériels qui puissent précisément dire que c'est Hugues Pignal qui a pris ce couteau pour poignarder sa mère adoptive". 

En 2002, Hugues Pignal est jugé aux assises puis condamné à 20 ans de prison pour le meurtre de sa mère. Le co-accusé Jean-Claude Hardy a écopé d'un an de détention. Hugues Pignal a contesté le verdict. L'année suivante, il a fait appel, sans succès. Ce dernier, aujourd'hui âgé de 68 ans, n'a plus jamais fait parler de lui, laissant derrière lui les mystères du meurtre de sa mère, dans la maison de Brison-Saint-Innocent. 

Les invités de "L'Heure du crime"

- Serge Pueyo, correspondant RTL.
- Me Pierre Perez, avocat de Patrick Balland.
- Jean-Marc Canova, ancien journaliste et chef d’édition au journal L'Essor Savoyard à Chambéry. 

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