Médoc : un viticulteur fait condamner deux négociants pour des prix anormalement bas

Rémi Lacombe est un homme heureux. Sur le perron de sa maison, face à l'estuaire de la Gironde, il répond aux messages de félicitations de ses collègues. "J'avais beaucoup moins de supporters quand j'ai porté l'affaire devant les tribunaux", souligne-t-il. 

En 2022, ce propriétaire de 130 hectares de vignes décide de dénoncer les pratiques commerciales du négoce de vin, aidé par son avocat maître Louis Lacamp, qui explique que "la réalité des transactions à Bordeaux, c'est que l'acheteur appelle un vigneron : 'J'achète votre stock 1.200 euros le tonneau. Oui ? Non ? Non, très bien j'appelle quelqu'un d'autre'. On est à des années-lumière de la loi Egalim". 
Cette loi lutte contre le déséquilibre structurel entre acheteurs et producteurs interdit les prix abusivement bas. Elle oblige le producteur à faire une offre de prix en premier. Le tribunal de commerce de Bordeaux a établi que cela n'avait pas été le cas lors des transactions entre Rémi Lacombe et les deux négociants, les maisons Ginestet et Cordier.

350.000 euros de dédommagement

Pour Rémi Lacombe, "le message c'est que, messieurs, il y a un prix en dessous duquel vous ne pouvez pas aller. C'est une question de respect, d'équité, de partage de la valeur".
 
Les deux négociants doivent verser en tout 350.000 euros de dédommagement à Rémi Lacombe. Devant le tribunal, leurs défenseurs soutenaient que les 1.200 euros reflétaient les prix du marché du vin bordelais, en chute libre actuellement. Ils n'ont pas encore répondu aux sollicitations de RTL.