Mark Hofmann : un tueur chez les mormons

Mardi 15 octobre 1985, la police est appelée au Judge Bulding, un immeuble en plein quartier des affaires de Pepper Lake City. Une explosion vient de se produire au sixième étage. Un homme en costume est étendu sur le dos, le visage noir de suie. "Un trou béant est dans la poitrine, un pied presque arrachée, le corps constellé d'éclats", constate le légiste. Il s'agit de Steve Christensen, 31 ans, financier et homme d'affaires.

Deux heures plus tard, une explosion est signalée à Holladay, banlieue résidentielle de Salt Lake City. Kathleen Sheets, 50 ans, a été éventrée par l'explosion du colis déposé devant chez elle. La bombe artisanale ne lui était pas destinée, elle était pour son mari Gary Sheets, 52 ans.

Au lendemain des explosions, une troisième est signalée au centre de Salt Lake City. L'homme est conduit à l'hôpital, les projectiles n'ont touché aucun point vital. Il s'appelle Mark Hofmann, 29 ans, un marchand de documents anciens. Une célébrité dans le milieu. Il y a quelques années, il a découvert des documents perdus de l'église mormon. Le magazine Time lui a consacré un article.

De faux documents ?

Jeudi 17 octobre 1985, la police de Salt Lake City croule sous les signalements de colis suspects. Pour la mort de Steve Christensen, mardi matin, un père et son fils disent avoir croisé dans l'ascenseur un homme portant un colis. Un portrait-robot est dressé. Le FBI a des doutes sur Mark Hofmann : dans le coffre de sa voiture, un bout de tuyau identique à ceux utilisés pour les bombes a été retrouvé et Hofmann connait très bien la première victime. Il y a deux ans, il lui a vendu un document jusque-là inconnu de l'histoire mormon, la "Lettre de la salamandre blanche" pour 40.000 dollars. 

Une centaine de policiers se penchent sur Mark Hofmann. L'homme est endetté jusqu'au cou. Il doit de l'argent à l'église, mais aussi à la première victime, Steve Christensen. A-t-il voulu éliminer ce créancier qui commençait à s'impatienter ? 

Mais, les enquêteurs ne croient pas que ses dettes soient le seul mobile. L'expert en contrefaçon qui travaille au bureau du procureur de l'Utah, Georges Throckmorton, un mormon, est convaincu que ces dix dernières années, l'église a été abusée de centaines de milliers de dollars. Hofmann pourrait être un faussaire même si les plus éminents spécialistes ont garanti l'authenticité de ses trouvailles. Throckmorton et William Flynn, chimiste et expert en faux documents, découvre la supercherie. Les documents vendus par Marlk Hofmann sont faux.

Vendredi 23 janvier 1987, Mark Hofmann, 32 ans, est devant le tribunal de Salt Lake City. Le collectionneur et découvreur de livres inestimables répond "oui" à toutes les accusations : la fabrication des bombes, les morts, la fabrication de faux, les escroqueries... Le faussaire de Salt Lake City est en prison depuis presque quarante ans.

L'Église mormone, au cœur de cette affaire, a fait profil bas. Elle a tout fait pour ne jamais apparaître. Ses dirigeants ne sont pas au procès, ils ne sont pas pendant l'enquête, ils ne témoignent pas.

"L'ex-président de l'église mormone a acheté personnellement des documents à Mark Hoffman, qui étaient des faux, explique César Marchal, journaliste, dans L'Heure du crime sur RTL. L'église elle-même a acheté 446 documents pour des centaines de milliers de dollars, faux encore une fois, à Hoffman. C'est la honte. Et puis, leurs mythes fondateurs sont questionnés."

Hoffman n'a pas d'explication pour son geste. "Il n'a pas du tout avoué avant sa condamnation, souligne Simon Worrall, journaliste et auteur du livre Le Faussaire de Salt Lake City : Meurtres et manigances chez les mormons, sur RTL. Il a d'ailleurs prononcé cette phrase et qui est restée : 'Tuer un chien ou un chat me fait le même effet'. Il n'avait aucun regret, vraiment aucun."

Les invités de "L'Heure du crime"

- Simon Worrall, journaliste et auteur du livre Le Faussaire de Salt Lake City : Meurtres et manigances chez les mormons, publié aux éditions Marchialy.
- Clémence Billault, éditrice et fondatrice de la maison d'édition Marchialy.
- César Marchal, journaliste et fondateur de la revue Sphères Magazine.

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