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Affaire Nicolas Panard : sur les traces de "Domino"
PODCAST - "L'Heure du crime" revient sur l'affaire Nicolas Panard. Le nom de cet artiste de cabaret va apparaître en 2007 après une longue enquête sur des meurtres non résolus dans l'est de la France visant, le plus souvent, des homosexuels. Derrière le masque loufoque de celui que l'on surnomme "Domino", les enquêteurs vont discerner le visage bien plus effrayant d'un possible tueur en série.
Nicolas Panard, ici en décembre 2007, a bénéficié d'un non-lieu dans une affaire de meurtres d'homosexuels.
Crédit : JEFF PACHOUD / AFP
Vendredi 31 mai 1991, la sûreté urbaine de Sochaux-Montbéliard est appelée pour un homme découvert sans vie. Le légiste compte 48 coups de couteau, dont 37 portés à la gorge. Un blouson, une radiocassette et une bague ont été dérobés. Le jeune résident s'appelle Didier Sol, 26 ans.
Trois jours après ce drame, les policiers de Colmar, à 80 km de Sochaux, signalent un homicide très ressemblant, perpétré quinze jours auparavant : celui de Christophe Michel, un serveur de café âgé de vingt ans. La victime a reçu vingt-sept coups de couteau dont quinze portés au cou. Une gourmette, un collier, une bague, un briquet ont été dérobés. Christophe Michel, noctambule invétéré, a été vu pour la dernière fois dans un square fréquenté par des homosexuels.
Juillet 1994, un étudiant tué de onze coups de couteau est retrouvé près de Belfort. Juin 1995, Henri Fiegenwald, directeur des ventes dans une compagnie d'assurance, est retrouvé nu sur son lit, chez lui, près de Mulhouse. C'était un adepte de rencontres homosexuelles.
16 janvier 2000, la série noire continue : un retraité de Mulhouse, Michel Michaudet, 66 ans, est retrouvé sans vie. Au total, ce sont une quinzaine de meurtres ressemblants, touchant très souvent la communauté homosexuelle, qui sont recensés.
Les crimes d'un tueur en série ?
Un même tueur en série, ou une même équipe, pourrait être derrière ces crimes. Les enquêteurs se tournent vers un certain Nicolas Panard, un retraité de Mulhouse. Homosexuel, il connait très bien ce milieu et a pu fréquenter certaines victimes. Il se produisait comme travesti et transformiste dans des cabarets de Mulhouse. Le logiciel informatique Salvac - utilisé pour les rapprochements dans les affaires criminelles – le fait apparaitre dans l'entourage de plusieurs victimes.
Il est placé en garde à vue. "Les enquêteurs sont sûrs d'eux, mais il n'y a pas de preuve formelle, ni ADN, ni empreinte digitale. Cette garde à vue, c'est dans le seul but de faire craquer Nicolas Panard. S'il ne passe pas aux aveux, tout s'effondre, et c'est exactement ce qui s'est passé", raconte Yannick Olland, correspondant RTL dans le Grand-Est.
Mis en examen pour cinq meurtres, Nicolas Panard ressort finalement libre du tribunal, placé sous bracelet électronique. La juge des libertés et de la détention déplore un dossier fait de "suppositions et de supputations". Jeudi 20 mars 2014, la cour d'appel de Besançon délivre un non-lieu au bénéfice de Nicolas Panard, 75 ans. Une longue série de crimes impunis qui laisse les familles des victimes dans la douleur. Nicolas Panard est décédé en 2019 à l'âge de 80 ans.
La vérité éclatera-t-elle un jour ? "Des empreintes ont été retrouvées sur deux meurtres, mais elles restent encore inconnues à ce jour. Peut-être qu'elles matcheront avec quelqu'un qui va être arrêté ? Mais, avec le temps qui passe, l'espoir de résoudre ces affaires diminue de jour en jour", conclut Yannick Olland, invité de L'heure du crime.
Les invités de "L'Heure du crime"
- Yannick Olland, correspondant RTL dans le Grand Est.
- Me Gérard Chemla, avocat au barreau de Reims et avocat de Stéphane Michaudet, le fils de Michel Michaudet, tué en janvier 2000.
- Commandant Alain Duvernois, commandant de police à la Sûreté de Montbéliard, a dirigé les premiers pas de l'enquête.
