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L’un des plus grands narcotrafiquants incarcérés à Vendin-le-Vieil a obtenu une autorisation exceptionnelle de sortie pour un rendez-vous professionnel, ce lundi 24 novembre. [Illustration]
Crédit : Dan Kitwood / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP
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Ouaihid Ben Faïza, 52 ans, figure importante d’un vaste réseau de trafic de drogue en Seine-Saint-Denis, a quitté la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil ce lundi 22 novembre aux alentours de 7h40 pour se rendre à un entretien d’embauche. Il n'y a eu ni sirène, ni escorte policière particulière : seulement une voiture banalisée, accompagné par sa femme, direction la gare de Lille pour prendre un TGV vers Lyon.
L’administration pénitentiaire a confirmé que cette sortie s’inscrit dans le cadre d’une autorisation de sortie-employeur accordée par le juge d’application des peines. Invitée de RTL à la mi-journée, la porte-parole de l’administration pénitentiaire Justine Gerbot a tenu d’abord à rappeler que le cadre juridique avait été respecté. "Ce détenu avait le droit de formuler une demande de permission de sortir", a-t-elle indiqué.
La représentante de l'administration a également détaillé le processus de sa demande : "Sa situation a été examinée comme toutes les demandes de permission de sortir dans le cadre d’une instance collégiale présidée par un juge d’application des peines, en présence d’un représentant de l’établissement, d’un représentant du SPIP (service pénitentiaire d'insertion et de probation), du parquet. Tous les acteurs qui le prennent en charge ont pu échanger pour cette situation." Le parquet avait fait appel de la décision, mais celle-ci "a été confirmée".
Selon elle, c'est certain : "cette décision s’inscrit dans un cadre légal". "Les procédures ont été respectées et elles se sont appliquées pour cette situation individuelle", a-t-elle insisté.
La sortie du détenu d’autant plus interrogé que Vendin-le-Vieil est l’un des établissements les plus sécurisés de France, destiné à isoler les narcotrafiquants et membres du grand banditisme. Justine Gerbot a reconnu ce paradoxe, tout en rappelant les objectifs du système pénitentiaire : "Le quartier de lutte contre la criminalité organisée de Vendin est un secteur de détention particulièrement sécurisé. On a maintenant un recul de presque six mois sur son fonctionnement et il a bien montré son efficacité."
Au-delà de la dimension sécuritaire, "il faut rappeler que les détenus ont aussi vocation à sortir à un moment donné, donc il est impératif de préparer leur sortie", a-t-elle souligné. "Dans ce cas précis, nous sommes dans une autorisation de sortie-employeur. Le détenu en question va bientôt être éligible à une demande d’aménagement de peine. Tout cela est le cadre classique et habituel de la préparation à la sortie. Cette situation interroge et pousse à nous questionner", a-t-elle poursuivi.
Interrogée sur un éventuel désaccord interne, Justine Gerbot a confirmé que le chef de l’établissement s’était opposé à cette permission. "Je parlais d’une instance collégiale à laquelle le chef d’établissement pénitentiaire prend part. Il avait mis un avis défavorable compte tenu des éléments pénitentiaires et du profil". La décision s’est néanmoins imposée, puisqu’elle relève in fine du juge d’application des peines.
Face au torrent de réactions suscité par cette sortie exceptionnelle, la porte-parole se veut à l’écoute. "Je comprends qu’il y ait un décalage entre le régime très strict de la prison de Vendin-le-Vieil et l’idée qu’on puisse accorder une permission de sortir", a-t-elle admis. Mais pour elle, la question de la réinsertion doit continuer à être posée, même pour les profils les plus lourds.
À ce titre, "le garde des Sceaux a annoncé dès ce week-end une évolution législative et un projet de loi qui sera déposé dès ce début d’année pour encadrer cette préparation à la sortie et peut-être donner les moyens aux magistrats de connaître les profils qui sont affectés en quartier de lutte contre la criminalité organisée".
Concernant les risques de fuite, alors que 22 des 70 évasions de l’an dernier ont eu lieu lors de permissions de sortie, la porte-parole de l’administration pénitentiaire a rappelé que le magistrat avait pris cette décision en connaissance de causes.
Par ailleurs, dans ce cas précis, le ministère de l’Intérieur a mis en place un suivi : "Il y a un dispositif pour accompagner cette permission de sortir. Il ne sera pas surveillé par le personnel pénitentiaire, ça ne se passe pas comme ça dans le cadre d’une autorisation-employeur. Seulement, le ministère de l’Intérieur a indiqué qu’il y aura de la surveillance vu le profil de ce détenu."
Le narcotrafiquant doit regagner sa cellule de 12 m², dotée de barreaux renforcés, avant 21 heures ce soir.
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