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Les campagnes de plus en plus touchées par le trafic de drogue

REPORTAGE - Le trafic de stupéfiants n’épargne pas les communes rurales et tend même à s’amplifier. RTL l’a constaté dans le Pas-de-Calais.

Le trafic de drogue en augmentation dans les campagnes. (illustration)
Le trafic de drogue en augmentation dans les campagnes. (illustration)
Crédit : Ugo Padovani / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
DROGUE - Les campagnes de plus en plus touchées par les trafics
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Maxime Levy - édité par Julien Ricotta

Le phénomène n’est pas nouveau mais s’amplifie un peu plus chaque année. Les communes rurales sont touchées en plein cœur par le trafic de stupéfiants, que ce soit cannabis, héroïne, cocaïne. 1,6 kg d'héroïne a ainsi été saisi l'an dernier en zone gendarmerie dans le Pas-de -Calais, contre 4 kg dans les grandes villes. Dans le département, un tiers des saisies d’héroïne a eu lieu en pleine campagne. RTL s’est rendu à Desvres, seulement 5.000 habitants, une des communes rurales les plus touchées par le trafic en France.

Dans ce village, les saisies sont toujours plus importantes année après année. Desvres est pourtant perdu dans la campagne, au milieu des champs et des élevages porcins. Ici, pas de grands centres urbains, pas de point de deals apparents, ni de guetteur dans les rues. Mais Maurice, gérant d’un café dans le centre-ville de Desvres, a bien remarqué que la drogue circulait. "On le voit en tant que piéton ou quand on fait les courses. On voit des personnes avec les yeux retournés, des gens qui tremblent ou qui titubent. Il y en a qui lancent des boulettes dans les buissons, et d’autres viennent les récupérer", assure le commerçant. 

Malgré tout, le deal se fait à l’abri des regards, souvent dans les appartements. Sur la côte, les dealers utilisent même les Airbnb pour écouler leur produit et passer inaperçus.

"On constate une démocratisation de la cocaïne"

L’ampleur de ce trafic nécessite de mobiliser les gendarmes de Desvres, qui procèdent toute l’année à des contrôles routiers. Aux abords d'un rond-point, le chien policier renifle les conducteurs, comme un livreur. Le résultat tombe : positif au cannabis. Ces interpellations sont précieuses pour les gendarmes, qui espèrent pouvoir remonter jusqu’aux lieux de vente grâce aux auditions. 

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"Si on trouve des produits dans leur véhicule, c’est bien souvent de l’ordre de un à cinq grammes. Par contre de temps on peut tomber sur quelqu’un qui transporte de plus grosses quantités, et on peut alors être sur les prémices d’un éventuel trafic. Il y a énormément d’héroïne et on constate une démocratisation de la cocaïne", constate le Major Rémi Cotte, de la brigade de recherche de Calais.

Les vendeurs sont principalement des hommes, la trentaine, bien souvent précaires. Et, comme l’explique la gendarmerie, les consommateurs deviennent dealers et servent parfois de mule. 

"Le petit consommateur qui devient vendeur dans les petits villages, lorsqu’il va dans l’agglomération il va acquérir ces produits à la somme de 50 euros. Il va les revendre 60-70 euros et ainsi se payer sa propre consommation", décrit le Major Cotte. "Il n’est pas rare qu’on leur propose de se rendre à Lille ou Paris, où on va leur donner les clés d’un véhicule qu’il va falloir rapatrier dans la petite agglomération. Bien souvent ce véhicule est chargé en produits", ajoute le gendarme. 

De la violence jusque dans la campagne

Ce trafic s’accompagne également de violences, même en pleine campagne. Les enlèvements et séquestration existent selon Guirrec Le Bras, procureur de Boulogne-sur-Mer. "Cela peut être des violences, le fait d’enlever quelqu’un pendant un temps déterminé pour faire passer un message ou pour recouvrer des dettes. Il n’y a pas d’endroit où on serait indemne face à ces phénomènes, c’est lié à l’organisation de ces trafics", explique-t-il. 

L'an dernier, un dealer a été enlevé et séquestré avant d'être laissé pour mort à Marquise, un village de la région d'à peine 5.000 habitants, pour une dette liée aux stupéfiants.

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