"Le Procès Goldman" : l'histoire vraie derrière le film présenté à Cannes cette année

Le 19 décembre 1969, en plein boulevard Richard-Lenoir à Paris, des coups de feu retentissent : un braquage a lieu dans la pharmacie Delaunay. Le bilan est lourd : deux pharmaciennes, Simone Delaunay et Jeanne Aubert ont été tuées de plusieurs coups de pistolet. Un gardien de la paix a été grièvement blessé. 

L'affaire questionne : plusieurs pharmacies ont subi des hold-up les semaines précédant l'attaque. Quelques mois après le braquage de la pharmacie Delaunay, un nom émerge : celui de Pierre Goldman, demi-frère du chanteur Jean-Jacques Goldman et militant d'extrême gauche. Ce dernier reconnaît être l’auteur de trois braquages, mais réfute celui du boulevard Richard-Lenoir, qui a coûté la vie à deux personnes. 

Dans L'Heure du Crime, Me Emmanuel Pierrat, spécialiste de l'affaire, explique comment les policiers se sont orientés vers cet homme. "C'est parce qu'on tombe sur cet indic, un petit gangster qu'on fera parler, qui racontera que selon lui, Pierre Goldman lui a confessé un certain nombre de choses. On va remonter un film comme ça, jusqu'à son arrestation en avril 1970. Et sans les aveux, c'est difficile", poursuit l'avocat.

Si une dénonciation existe, les preuves sont, elles, quasi-inexistantes. "On ne trouve pas d'empreinte digitale probante, on trouve l'arme (…) mais on n'est pas encore dans la police scientifique, donc il n'y a rien", raconte l'avocat. En 1974 s'ouvre le procès Goldman. Un procès lors duquel l'accusé va se défendre seul. Malgré les incohérences du dossier, le militant est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, sans possibilité de faire appel. 

Ce dernier se tourne alors vers la Cour de cassation, qui - fait rarissime - annule le procès en 1975, pour faute de procédure. Un nouveau procès s'organise en 1976. Cette fois, Pierre Goldman s'entoure de trois avocats. Condamné pour les trois braquages dont il est l'auteur, le demi-frère du chanteur est acquitté pour le braquage de la pharmacie Delaunay. Un parcours judiciaire complexe et unique, adapté au cinéma en septembre 2023 par le réalisateur Cédric Khan, avec le film Procès Goldman, présenté en ouverture de la Quinzaine des cinéastes du festival de Cannes. 

Libéré six mois après le verdict, Pierre Goldman est assassiné en pleine rue par trois hommes en septembre 1979 de neuf balles dans le dos, trois ans après son acquittement.