Le Grêlé : ce que disent les ex-collègues de François Vérove, le policier tueur en série

En 2019, un policier retraité participe à l'émission Tout le monde veut prendre sa place sur France 2. Il s'appelle François Vérove et personne ne le sait encore, mais il est le tueur en série le plus recherché de France depuis 35 ans. Surnommé "Le Grêlé", il est à l'époque soupçonné d'être à l'origine d'au moins quatre meurtres et six viols commis en région parisienne dans les années 80 et 90. 

"Quand il postule pour participer à cette émission-là, il sait pertinemment qu'il n'y a aucune chance pour que ses victimes survivantes le reconnaissent", estime Franck Jourde qui a connu François Vérove lors de leur formation de policier à moto. "À son sens, il ne prend aucun risque. Ça correspond d'ailleurs au comportement qu'il avait, où il calculait tout. Dans les moindres faits et gestes, où il essayait de ne jamais se tromper. Il savait jusqu'où il fallait aller et ne pas aller."

Franck Jourde témoigne dans Enquêtes Criminelles aux côtés de deux autres anciens collègues de François Vérove. Tous se souviennent du moment où ils ont appris que l'homme qu'ils connaissaient n'était autre que l'horrible tueur en série dont ils avaient entendu parler. Nous sommes en septembre 2021 et, convoqué pour un test ADN, François Vérove met fin à ses jours après avoir écrit une lettre d'adieu dans laquelle il avoue ses crimes.

Je vous garantis que c'est un choc

Bruno Bartocetti

Ce jour-là, Bruno Bartocetti travaillait avec François Vérove aux motards de Montpellier. "Je reçois un WhatsApp avec la photo de François Vérove, supposé être Le Grêlé, se souvient-il. Et là, à ce moment-là, je me souviens très très bien, je n'ai pas réalisé, j'ai fermé le message, mais je vous garantis que c'est un choc." 

Les deux hommes se côtoyaient régulièrement depuis que François Vérove avait quitté la région parisienne pour le sud de la France. "D'abord, il s'est montré aimable, cordial, courtois, un collègue de travail commun, souriant, banal. Il était dans le travail très rigoureux", poursuit-il. Pourtant, se dessine aussi le portrait de quelqu'un de strict avec une volonté de contrôle. Bruno Bartocetti le décrit comme "très dur, très consciencieux, rien ne passait, quand il fallait verbaliser, il verbalisait". 

Denis Jacob, également ex-collègue de François Vérove garde en mémoire un homme peu chaleureux. "Strict, autoritaire, très à cheval sur le règlement, la loi, il fallait appliquer à la lettre les choses." Il ajoute : "Que ce soit en uniforme ou que ce soit en tenue civile, François Vérove était toujours tiré à quatre épingles. Il était toujours très bien habillé, très correct, une tenue professionnelle parfaite. Ce n'était pas quelqu'un de négligé, qui se laissait aller, il était toujours clean."

François Vérove, c'était le cheval de Troyes qui est rentré dans la police nationale

Franck Jourde

Comment François Vérove a-t-il pu dissimuler avec autant de succès ses activités criminelles ? "On n'a rien pu voir. Il ne laissait rien transparaître, souffle Franck Jourde. Et puis, c'était tout à fait impossible de deviner ce qu'il faisait. C'était inimaginable. Moi, je pense que son parcours criminel, ça a eu un impact sur sa manière d'être. Je pense qu'il faisait tout pour paraître normal, naturel, que quelque part, c'était un petit peu dans sa tête. François Vérove, c'était le cheval de Troyes qui est rentré dans la police nationale. Il était insoupçonnable."

Denis Jacob ne parvient pas à réaliser qui était vraiment ce collègue qu'il saluait chaque jour. "C'est quelqu'un qui venait me serrer la main tous les matins et qui, peut-être quelques heures avant, a tué un gosse", s'indigne-t-il. "Comment peut-on croire un seul instant qu'un policier qui est à cheval sur les règles, sur les lois, qui fait un peu la leçon moralisatrice sur le respect des lois aux autres, comment peut-on imaginer un seul instant que ça peut être un criminel ?"

Finalement, François Vérove confirme l'impensable : les criminels en série sont des "Messieurs-tout-le-monde". Interrogée dans Les Voix du crime en 2022, Maître Corinne Hermann, avocate du frère de Cécile Bloch, enfant victime du Grêlé prévenait : "On pense toujours que les tueurs en série sont des surhommes, qu’ils sont supra-intelligents, supra-doués, mais c’est les fictions et séries qui nous donnent cette image-là". Aujourd'hui, l'enquête se poursuit pour relier le parcours criminel de François Vérove à certains crimes non-élucidés.

>> Enquêtes Criminelles, c'est le magazine des faits divers sur W9, présenté par Nathalie Renoux. C'est aussi un podcast. Chaque semaine, Jean-Marie Goix raconte une affaire emblématique qui fait ou qui a fait la une de l'actualité.

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