Pendant 16 ans, la police allemande a traqué, en vain, une tueuse en série, en Allemagne, en Autriche, en France, dont la signature ADN apparaît sur 32 scènes de crimes. Sept meurtres, des dizaines de cambriolages et de braquages. Une mystérieuse femme que personne n'aperçoit et qu'on a surnommé "le fantôme d'Heilbronn", la ville du Bade-Wurtemberg.
Pendant l'enquête, des milliers de tests génétiques sont effectués et des centaines de personnes sont interrogées. En parallèle, la femme sans visage continue de sévir en Europe depuis ses premiers crimes en Allemagne, en 1993. Pas moins de 3.700 pistes sont envisagées. Seule certitude, l'auteur de ces crimes est de sexe féminin. Les autorités ne sont sûres d'une chose : criminelle de sexe féminin est formelle.
"On peut analyser certains secteurs de l'ADN. Et parmi ces secteurs, vous avez le marqueur du sexe. Sur ce marqueur du Fantôme, c'est certain, on a bien affaire à une femme", explique Richard Marlet, commissaire général honoraire et ancien patron de l’identité judiciaire au 36 quai des Orfèvres, dans L'Heure du crime.
Les policiers étaient à la recherche d'un coton tige
Marc Fernandez
Le 26 mars 2009, la ministre de la Justice du land du Bade-Wurtemberg, région où le fantôme de Heilbronn a beaucoup sévi, fait une révélation fracassante : la criminelle la plus recherchée d'Allemagne n'existe pas. Si la même trace ADN a été retrouvée tout au long de ces années sur autant de scènes de crimes, c'est à cause des bâtonnets de coton utilisés pour les prélèvements. Ces derniers étaient contaminés par une seule et même personne : une employée de la société Greiner Bio-One installée en Bavière.
"C'est un scandale médiatique et politique. Finalement, les policiers étaient à la recherche d'un coton tige. Les médias pointent évidement du doigt l'incompétence des policiers, ce qui oblige les autorités et les politiques à prendre la défense des policiers. Sauf que la presse découvre que ces échantillons, en plus d'avoir été contaminés, étaient périmés", révèle Marc Fernandez, journaliste et rédacteur en chef de la revue Alibi, au micro de RTL.
Cette dernière est une femme de 71 ans qui vient de prendre sa retraite. L'entreprise se dédouane dès lors que les échantillons n'étaient pas destinés à effectuer des tests génétiques. La police serait fautive. Reste qu'une quarantaine d'enquêtes vont devoir être reprises. Les multiples enquêtes sont toujours ouvertes. À ce jour, les policiers ne sont pas parvenus à identifier les auteurs.
- Richard Marlet, commissaire général honoraire et ancien patron de l’identité judiciaire au 36 quai des Orfèvres.
- Marc Fernandez, journaliste et rédacteur en chef de la revue Alibi.
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