"L'omerta se mettait en place et tout pouvait survenir" : victime d'abus sexuel au collège Saint-Stanislas de Nantes, il raconte son histoire sur RTL

Un traumatisme vieux de plus de 40 ans. Le 29 août dernier, le directeur diocésain de l'enseignement catholique de Loire-Atlantique a annoncé avoir recueilli plusieurs témoignages de violences sexuelles au sein d'un établissement catholique de Nantes entre les années 1959 et 1995, évoquant 10 victimes ainsi que 5 prêtres mis en cause, aujourd'hui décédés. 

Emmanuel Cocaul fait partie de ces dix victimes qui ont accordé leur témoignage à l'Église catholique. Ce haut fonctionnaire, qui a 60 ans livre, ce samedi 30 août, son histoire à RTL. "J'ai fait partie de ces victimes et j'ai témoigné par anticipation dès 2020 auprès de la Ciase, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église catholique, pour y déposer mon témoignage sur les abus sexuels les agressions que j'ai subies de la part de mon aumônier catholique au sein de cet établissement scolaire", nous raconte-t-il, chez lui, dans les Yvelines.

"Cet aumônier, voyant que j'étais un enfant un petit peu isolé, un peu seul, et qui, à la maison, subissait d'autres problématiques de violences intrafamiliales, s'est rapproché de moi, et sous prétexte de complicité ou de volonté de créer un lien, a débordé de sa fonction d'aumônier et de responsable de la catéchèse de l'établissement". 

J'avais l'habitude d'être manipulé effectivement par un tiers, par un adulte de confiance. Le principal était dans mon foyer domestique, c'était l'inceste que je subissais, et l'accessoire était ce prêtre".

Emmanuel Cocaul

Emmanuel Cocaul évoque "des attouchements sexuels sur les parties génitales, des baisers, me laissant dans un état d'hébétude et d'incompréhension totale", des faits perpétrés "jusqu'à l'âge de 14 ans". Enfant, il raconte être également victime d'agressions sexuelles répétées au sein de son propre foyer familial. 

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"Nous avons été plusieurs au sein de ma propre famille, au sein de ma fratrie, à avoir été agressés sexuellement par un membre de notre famille, un de nos parents, ma mère, raconte-t-il. Et donc pour moi, c'était en quelque sorte une habitude, j'avais l'habitude d'être manipulé effectivement par un tiers, par un adulte de confiance. Le principal était dans mon foyer domestique, c'était l'inceste que je subissais, et l'accessoire était ce prêtre".

Jamais il n'a parlé de ces abus à l'école quand il était élève. "Parce que c'était un système rodé, explique-t-il, et que nous savions tous ce qu'il s'y passait. C'était la loi du plus fort qui s'exerçait à l'intérieur de ce lieu clos. Les internes étaient extrêmement exposés effectivement à ce système de prédation : une fois les externes partis, l'omerta se mettait en place, les portes étaient closes et tout pouvait survenir. Ce qui est le cas effectivement du frère d'un de mes amis qui s'est suicidé, d'un de mes condisciples qui s'est suicidé l'an passé". 

"Pour survivre en tant que mammifère, votre cerveau se bloque, en quelque sorte, nous explique-t-il quand on lui demande pourquoi son témoignage arrive tant d'années après mes faits. Il se paralyse et il fait en sorte que vous puissiez survivre à tout prix. Donc, ce fut mon cas, comme c'est le cas pour la plupart des personnes qui sont traumatisées en matière de violences sexuelles, que ce soit par un tiers ou dans le cadre de l'inceste. Cette amnésie n'est pas délibérée, elle n'est pas volontaire. C'est une amnésie qui est subie". 

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