Affaire Marie-Claire Bégo : l'énigme des bords de Loire

Vendredi 25 octobre 1991, Alain de Vita, 40 ans, arrive chez lui à Druy-Parigny, à 25 kilomètres de Nevers. Sa compagne, Marie-Claire Bégo, 38 ans, qui aurait dû rentrer depuis une bonne heure, n'est pas là. Pas plus qu'Anaïs, leur fille de deux ans. 

Cette ancienne employée de la SNCF, en stage de reconversion pour devenir infirmière, part chaque matin en train à Nevers. Alain de Vita file jusqu'à la minuscule gare de Béard, la Citroën Visa de sa compagne est seule sur le parking. Les gendarmes d'Imphy le rejoignent. Ils trouvent le manteau bleu de Marie-Claire avec des traces d’herbe sur le dos. 

Deux jours après la disparition, deux pêcheurs tombent sur un corps de femme : il s’agit bien de Marie-Claire Bégo. Elle repose sur le ventre, le bas du corps est dénudé, la culotte a disparu. Le haut du buste et le visage sont en partie carbonisés. Impossible de dire si la victime a été violée, même si la scène a tout d'une agression sexuelle.

Des aveux extrêmement précis

Trois pistes vont alors se succéder. D'abord, Jean-Claude Paureau, 23 ans, ancien employé municipal à Béard. Déjà accusé par une jeune femme de l'avoir violée, le suspect n'a pas d'alibi. Il craque. Il se revoit en train de la ligoter, de la charger dans le coffre de la Citroën et de mettre feu au corps. Jean-Claude Paureau est inculpé d'assassinat et de tentative de viol et écroué. 

"Il donne des détails extrêmement précis. Tout concorde avec les faits que les gendarmes ont pu constater. Maintenant, il avoue et après, il se rétracte en disant "j'ai avoué sous la pression, on m'a menacé, on m'a dit qu'ils allaient mettre ma sœur en prison". Et là, le juge d'instruction se retrouve face à une grosse difficulté. Certes, il y a des aveux, mais il n'y a pas de preuves qui pourraient venir corroborer ces aveux", explique Marion Garnier, rédactrice en chef de l’émission Non-Elucidé dont un épisode est consacré au meurtre de Marie-Claire Bégo et co-auteure, avec Cyrielle Adam, du livre Cold cases publié aux éditions Larousse. 

Le juge note des incohérences dans ses déclarations. Jean-Claude Paureau est remis en liberté.

Découvrir la vérité avant 2032

Samedi 24 avril 1993, presque deux ans après la mort de Marie-Claire Bégo, une deuxième femme est découverte assassinée, près d'un canal de la Loire, à Chevenon. Comme Marie-Claire, Mathilde Girardot, 20 ans, a le bas du corps dénudé. Elle a été violée. Une semaine plus tard, Didier Falcy, 27 ans, ouvrier agricole, avoue le crime. Malgré les similitudes, et après vérifications, il est écarté de la liste des suspects. Il n'a tué que Mathilde Girardot.

Les gendarmes de la Nièvre se penchent alors sur un nouveau suspect : Jean-Pierre Gadchaux. Ce marginal est en prison pour avoir tué, quatre ans auparavant, en Normandie, Carine Verdier, une baby-sitter de 21 ans qu'il a violée, étranglée, ligotée. La justice rouvre le dossier. L'homme dément toute implication en faisant savoir qu'il a déjà écopé de la perpétuité pour l'assassinat en Normandie. Il n'aurait donc aucune raison de se défiler. Une nouvelle fois, le dossier revient au point zéro.

Alain de Vita et sa fille Anaïs garde espoir de connaître la vérité. La prescription sera atteinte en 2032.

Les invités de "L'Heure du crime"

- Ludovic Pillevesse, journaliste au Journal du Centre.
- Marion Garnier, journaliste et réalisatrice, rédactrice en chef de l’émission Non-Elucidé dont un épisode est consacré au meurtre de Marie-Claire Bégo et co-auteure avec Cyrielle Adam du livre Cold cases publié aux éditions Larousse.

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