Affaire des époux Saint-Aubert : 24 heures pour mourir

Samedi 19 avril 2008, les gendarmes de Ginestas, commune rurale à une quinzaine de kilomètres de Narbonne, reçoivent un appel inquiétant. Olivier Bommersbach, qui habite Metz, n'a plus de nouvelles de sa mère, Jocelyne Fernandez, 59 ans, et de son beau-père, Jean-Claude Saint-Aubert, 62 ans, qui habitent à Argeliers. 

Sur place, les gendarmes découvrent la maison fermée. Les voisins confirment qu'ils n'ont pas vu le couple depuis deux semaines. Dans la chambre, le lit est défait, on y retrouve une cordelette. En dessous, des morceaux d'adhésif et une balle non percutée de calibre 9 millimètres. Il n'y aucune trace de sang. La carte bancaire du couple a été utilisée pour des retraits et des achats. Une enquête est donc ouverte pour séquestration.

Vendredi 25 avril, les gendarmes découvrent chez les Saint-Aubert le message suivant, rédigé dans un petit carnet : "Nous sommes pris en otage et avons été volés par Modeste et son copain Fouad. Ils veulent nous tuer". Les enquêteurs identifient les deux hommes cités. Il s'agit des deux maçons employés par le couple. Le dénommé "Modeste" s'appelle en réalité Jean-Barthélémy Rathqueber, 33 ans, le deuxième est Fouad Sellam, 31 ans. 

Quatre jours plus tard, le corps en partie putréfié d'une femme est découvert dans un fossé, en bordure de la Départementale 178 sur la commune de Cruzy. Elle est menottée, a été frappée à la tête et a reçu une balle dans le crâne. Il s'agit bien de Jocelyne Fernandez, épouse Saint-Aubert.

Lequel des deux a orchestré ces meurtres ?

Vendredi 2 mai 2008, un mois après la disparition de Jocelyne et Jean-Claude Saint-Aubert, le maçon Jean-Barthélémy Rathqueber, alias "Modeste" est interpellé à Toulouse. Fouad Sellam, son collègue, est arrêté à Béziers. Ce dernier explique que les maçons se sont rendus chez le couple. Modeste les a braqués, ligotés et bâillonnés pour obtenir leurs codes de cartes bancaires. Sellam jure qu’il n’était pas d'accord pour qu'on tue les retraités. Mais Modeste ne l’a pas écouté et a tiré sur Jean-Claude Saint-Aubert. L'épouse a été amenée un peu plus loin sur la route. 

Jean-Barthélémy Rathqueber reconnait que le couple a été tué, mais selon lui, c'est Fouad Sellam qui menait la danse. Les deux hommes sont confrontés dans le cabinet de la juge de Narbonne, Elodie Bataille. Chacun essaie de mettre l'autre en difficulté. Modeste explique qu'il s'agissait de séquestrer les Saint-Aubert, pas de les tuer, affirme-t-il. Selon lui, les deux hommes se sont partagés le travail.

Le mobile, lui, n'est autre que l'argent. "Jean-Barthélémy Rathqueber surprend Jean-Claude Saint-Aubert au téléphone qui parle d'une fameuse prime d'assurance de 20.000 euros. Est-ce qu'il s'imagine qu'il y a encore plus d'argent sur le compte de ces époux qui font construire une maison avec piscine ? Peut-être. Et finalement, le montant du butin retiré par Jean-Barthélémy Rathqueber va être assez ridicule vis-à-vis de l'atrocité des crimes. C'est 13.193 euros.", confie Camille Desmaison-Fernandez, journaliste indépendante et réalisatrice d’un épisode de Chroniques Criminelles sur le meurtre des époux Saint-Aubert.

Lundi 16 mai 2013, les deux complices sont devant la cour d'assises des Pyrénées-Orientales, à Perpignan. Le verdict est identique : perpétuité pour Rathqueber, 30 ans pour Sellam. Ce dernier est décédé de maladie à la prison de Lannemezan, en 2022. Jean-Barthélémy Rathqueber ne sera virtuellement libérable qu'aux alentours de 2030.

Les invités de "L'Heure du crime"

- Me Mickaël Poilpré, avocat au barreau de Montpellier et avocat de Fouad Sellam.
- Me Alexandre Martin, avocat au barreau de Toulouse et avocat de Jean-Barthélémy Rathqueber.
- Camille Desmaison-Fernandez, journaliste indépendante et réalisatrice d’un épisode de Chroniques Criminelles sur le meurtre des époux Saint-Aubert.