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Philippe Naigeon est accusé du triple assassinat de sa femme et de deux de ses trois enfants, en mai 1994.
Crédit : JEAN CHESNOT / AFP
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Jeudi 19 mai 1994, le commissariat du 16e arrondissement de Paris est appelé en urgence villa Scheffer, une discrète voie privée proche du Trocadéro. Des coups de feu ont été entendus. Les policiers débarquent au numéro 18, un hôtel particulier occupé par le couple Philippe et Eliane Naigeon et leurs trois enfants.
Au premier étage, le père de famille est affalé dans un fauteuil, inconscient, au milieu d'une bouteille de cognac presque vide, de tablettes de Valium et d'un pistolet automatique calibre 6.35. Dans le bureau adjacent, du sang tapisse les murs et le sol.
Armand, 8 ans, git sur le dos. Dans l'escalier qui mène à la cave, le corps de la mère de famille, Eliane Naigeon, est découvert, le crâne fracassé par une balle. Au sous-sol, l’aîné de la fratrie, Charles-Louis, 13 ans, est adossé à un réfrigérateur, la tête ensanglantée, une cordelette autour du cou. Seule la cadette, Isabelle, 6 ans, blessée au cuir chevelu est retrouvée vivante, recroquevillée dans une penderie.
Le père de famille, Philippe Naigeon, plongé dans le coma, est le suspect numéro un de ce triple crime. Cinq jours après le drame, l'homme, encore hospitalisé, est placé en garde à vue. Il déclare : "Eliane ayant obtenu le divorce, je n'avais qu'une seule solution : qu'on disparaisse tous." Le mari était opposé à toute séparation. "La maison est à moi, les enfants sont à moi, je ne partirai jamais", aurait-il hurlé en recevant la convocation judiciaire.
Est-ce que cet homme a vraiment toute sa tête ?
Stéphane Maître
Les enquêteurs obtiennent rapidement des aveux. Les parents et les amis d'Eliane Naigeon racontent que le couple a commencé à se fissurer après la naissance du premier enfant, Charles-Louis. Ils n'étaient pas d'accord sur son éducation, Philippe Naigeon ayant des idées strictes et bien arrêtées. Le mari soupçonnait aussi l’épouse d'avoir une liaison avec un artiste-peintre. De plus en plus jaloux, il la surveillait, la harcelait.
"Comme tous les êtres extrêmement intelligents mais très rigide, à partir du moment où le destin créé un obstacle à l'extériorisation de leur pouvoir, il y a une catastrophe absolue qui se met en branle", explique Philippe Bilger, magistrat honoraire et avocat général lors du procès, invité de L'Heure du crime.
Lundi 8 septembre 1997, Philippe Naigeon, 46 ans, est devant la cour d'assises de Paris. Il refuse de parler des crimes. À 14h45, l'accusé se lance dans un monologue. Il se présente comme une "victime", un "père massacré", un mari "trahi par sa belle-famille". Il ricane parfois entre ses propos. "Il y a, au centre de ce flot de paroles, une atmosphère qui conduit tout le monde à se dire : "Est ce que cet homme à vraiment toute sa tête ?", relate Me Stéphane Maître, avocat au barreau de Paris et avocat de Philippe Naigeon. J'ai demandé à ce que soit vérifié par expertise si Philippe Naigeon était en état d'être jugé. Au bout du compte, il a lui-même refusé cette expertise."
Vendredi 12 septembre 1997, il est condamné à 30 ans de prison, assortie d'une peine de sûreté de 20 ans. L'avocat général avait demandé la perpétuité. Philippe Naigeon est sorti de prison en 2012, après 18 ans de détention. Il n'est jamais revenu sur l'affaire de la rue Scheffer.
- Me Stéphane Maître, avocat au barreau de Paris et avocat de Philippe Naigeon.
- Philippe Bilger, magistrat honoraire et avocat général lors du procès.
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