"Je pensais protéger ma famille" : pourquoi Tiphanie Bel a mis du temps à raconter les violences conjugales qu’elle a vécues

En 2015, cela fait un an que Tiphanie Bel s'est libérée de l'emprise de Rudy, son ex-compagnon. Ce dernier a fui le Nord, où ils se sont rencontrés alors qu'ils étaient tous deux mariés, pour la Haute-Savoie. De son côté, la trentenaire est décidée à porter plainte, mais ses différents voyages au commissariat sont infructueux.

D'une policière qui refuse de l'écouter aux moqueries dont elle est la cible, elle peine à se faire entendre. "Ce n'est pas évident, déjà, il faut prendre sur soi, il faut se faire force pour se dire 'je vais demander de l'aide, j'ai besoin d'aide'", raconte-t-elle dans Les Voix du crime. C'est finalement dans un élan de sororité inattendu qu'elle va retrouver la force de retourner déposer plainte.

C'est Tessa, la femme de Rudy et mère de ses deux enfants, qui vient la trouver. Elle lui apprend que l'homme a été violent avec ses enfants, et qu'il s'est enfui avec eux. Les deux femmes vont être reçues par un officier de police judiciaire qui va les écouter et les aider à déposer plainte.

Je me suis tue au départ parce que je pensais protéger ma famille

Tiphanie Bel

Tiphanie va raconter tout ce qu'elle a vécu. Les petites attentions devenues harcèlement, les violences verbales, physiques et sexuelles. Jusqu'à la période de séquestration qu'elle a subie. "J'avais besoin d'être entendue et là quelqu'un m'écoutait et je me suis dit 'de toute manière j'ai rien à perdre', se souvient-elle. Et puis je ne le faisais même plus pour moi parce que Rudy n'était plus là depuis des mois. Je me suis dit 'pour toutes celles à qui il a fait du mal et toutes celles à qui il va continuer de faire du mal et tous ces enfants, ces victimes de sa violence et de sa violence sexuelle'".

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L'aide-soignante, elle-même mère de deux filles, se libère peu à peu de son traumatisme. Elle qui pendant des mois souffrait en silence et ne voulait qu'une chose : protéger ses enfants de la violence omniprésente. "Ce qui nous arrive (...) on espère qu'ils ne vont pas le ressentir", explique Tiphanie qui raconte son histoire dans Vivante! (Michalon, 2025). "Et forcément, je n'ai pas le même comportement non plus quand mes enfants sont là et quand mes enfants ne sont pas là. Quand mes enfants sont là, la seule chose que je fais, c'est de me taire finalement."

Une réaction qui, elle pensait, allait la sauver. "Je me suis tue au départ parce que je pensais protéger ma famille (...) en me disant que si je ne disais rien il n'allait pas s'en prendre à eux", explique-t-elle. Avant de conclure : "C'est le silence qui tue plus que les coups." 

Si vous ou un(e) de vos proches est victime de violences conjugales, composez le 3919, numéro d'écoute gratuit et disponible 7j/7 et 24h/24. En cas d'urgence appelez le 17.

 >> Les Voix du crime sont avocats ou avocates, enquêteurs ou enquêtrices, proches de victimes, de suspects ou de coupables. Ces témoins-clefs se confient au micro des journalistes de RTL. Des témoignages inédits, qui apportent un éclairage nouveau sur la justice et les grandes affaires criminelles d’aujourd’hui.


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