INVITÉES RTL - Saint-Étienne-du-Rouvray : de leur rencontre à l'écriture d'un livre, l'histoire d'amitié entre Roseline Hamel et Nassera Kermiche

Une rencontre improbable entre deux femmes que tout oppose. L’une est la sœur du père Hamel, assassiné dans son église de Saint-Étienne-du-Rouvray le 26 juillet 2016 alors qu'il menait l'office du matin. L’autre est la mère d’Adel Kermiche, l’un des deux terroristes tués lors de l’assaut par la BRI. De ce drame absolu qui a touché deux familles, une incroyable amitié est née entre Roseline Hamel et Nassera Kermiche. Elles ont décidé de la raconter dans un livre, Sœurs de douleur qui sort ce jeudi 27 février aux éditions XO. 

La première rencontre entre les deux femmes intervient neuf mois après l'attaque, le 17 avril 2017. Une entrevue voulue par les deux femmes. "J'avais besoin de trouver un sens à ma vie après cet attentat. (...) J'ai eu besoin de la [Nassera Kermiche, ndlr] rencontrer pour pouvoir comprendre ce qui s'était passé pour cette famille et aussi lui proposer de gérer ensemble cette douleur", explique Roseline Hamel, la sœur du père Hamel, sur RTL. 

La mère du terroriste Adel Kermiche voulait également entrer en contact avec la famille du père Hamel mais n'osait pas par culpabilité. "Quand on est la maman d'un terroriste, on n'est pas du tout enviée, si je peux dire. Je me disais que je n'allais pas pouvoir m'en sortir", confie-t-elle.

"Je suis venue vous proposer de gérer notre douleur ensemble"

Roseline Hamel, sœur du père Hamel

La rencontre débute par une longue étreinte entre les deux femmes. Puis, Nassera Kermiche demande pardon à Roseline Hamel qui lui répond : "Je ne suis pas venue chercher un pardon, je suis venue vous proposer de gérer notre douleur ensemble". 

Pendant plus d'une heure, Nassera Kermiche va notamment lui raconter la galère qu'elle vit depuis que son fils s'est égaré sur son chemin en se radicalisant. Elle évoque notamment cette question qui continue encore aujourd'hui de la hanter : pourquoi est-il passé à l'acte ? "J'ai toujours cette culpabilité de la maman qui se demande pourquoi mon fils a dévié de cette façon alors qu'il a été élevé comme les autres, qu'il a reçu les mêmes valeurs que nous lui avons transmises, mon mari et moi. Et je me suis dit, mais ce n'est pas possible, il ne peut pas avoir dévié de cette façon. Qu'est-ce que j'ai fait qui a fait qu'il a dévié ? Est-ce que j'ai fait une erreur ? Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ?", s'interroge-t-elle. 

Malgré tout, elle aime encore son fils "comme une mère peur aimer son fils". Roseline Hamel comprend d'ailleurs cet amour. " L'amour n'a pas de limite, et surtout en ce qui concerne nos enfants. On les aime tels qu'ils sont. Chacun de nos enfants est différent, et on les aime avec leur différence. Même si ce doit être une grande souffrance, il n'y a pas de limite pour nos enfants", indique-t-elle.