INVITÉE RTL - Affaire Delphine Jubillar : Cédric Jubillar "a l'attitude d'un coupable", analyse une journaliste

C'est une affaire qui passionne la France. Valentine Arama, journaliste au Point et auteure de "Delphine Jubillar, une disparition" suit depuis près de deux ans maintenant l'enquête sur la disparition de Delphine Jubillar, qui s'est volatilisée dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, laissant derrière elle ses enfants de six ans et dix-huit mois. À quelques heures d'une première reconstitution, elle en explique sur RTL l'objectif, à savoir "lever les zones d'ombre". 

"Cette reconstitution a une particularité, souligne la journaliste. Comme Cédric Jubillar nie avoir donné la mort à sa femme, la reconstitution va forcément être très limitée. Mais les juges d'instruction, qui sont les véritables chefs d'orchestres de ces opérations, vont quand même pouvoir vérifier si ce qu'il dit avoir fait avant d'aller se coucher, puis après s'être réveillé, correspond à une certaine réalité objective".

Pour rappel, Cédric Jubillar a été mis en examen le 18 juin 2021, six mois après la disparition de son épouse pour "meurtre sur témoin" et depuis, il clame son innocence. À chaque fois qu'il est interrogé, il a toujours cette même réponse : "Je n'ai rien fait, je n'ai pas fait de mal à Delphine. Je suis innocent". Mais pour Valentine Arama, tout pourrait basculer ce mardi 13 décembre. "Il va rentrer au domicile conjugal pour la première fois depuis son interpellation, donc les avocats de la partie civile, notamment, espèrent que ça puisse faire revivre quelque chose chez lui".

"L'attitude d'un coupable"

Toute une série d'éléments pèsent sur Cédric Jubillar : le fait qu'il ait géolocalisé le portable de sa femme, épié ses comptes et vérifié sur Google à quoi correspondaient ses achats... Il s'était livré à une véritable traque de sa femme, car il savait qu'elle allait le quitter. Un gendarme lui a d'ailleurs dit un jour : "Vous avez l'attitude d'un coupable". 

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"Et c'est vrai, appuie Valentine Arama. Il y a un climat absolument délétère dans le couple. Celui-ci est au bord de l'implosion au moment de la disparition et Delphine est vraiment sur le départ, d'autant qu'elle a un amant... Cédric, lui, a proféré des menaces à son encontre, notamment devant sa mère, à qui il a dit : 'Elle m'énerve. Je vais la tuer, l'enterrer et personne ne la retrouvera jamais'. Des phrases qui évidemment résonnent aujourd'hui".

Valentine Arama, qui a échangé avec Cédric Jubillar deux jours avant son interpellation "pour tenter de comprendre qui était Delphine", explique-t-elle, l'a trouvé "assez agressif et très impatient". "Mais on peut le comprendre, nuance-t-elle. Il était très sollicité par de nombreux médias, sa femme a disparu et je rappelle qu'il est présumé innocent encore aujourd'hui".

À mesure de son enquête, la journaliste a surtout relevé que les époux Jubillar "n'avaient rien à faire ensemble". "Les proches de Delphine s'étaient inquiétés très tôt de voir cette jeune femme assez épanouie, sérieuse, studieuse dans ses études se mettre avec cet homme qui, lui, a toujours eu un comportement et un parcours plus compliqué. Ses proches se méfiaient déjà de lui et ce qu'il s'est passé il y a deux ans a pu renforcer les doutes qu'ils pouvaient avoir".

Pas d'aveu, pas de corps, pas de témoin

Seulement, tout le problème dans cette histoire, c'est qu'il n'y a pas d'aveu, pas de preuve formelle, pas de corps, ni de témoin, mais simplement un faisceau d'indices graves et concordants. Dès lors, si Cédric Jubillar est renvoyé aux Assises, "il faudra voir si l'intime conviction des jurés peut fonder une culpabilité", explique Valentine Arama, qui rappelle toutefois que les indices sont nombreux : une voisine qui entend des cris, le fils qui dit avoir vu ses parents s'empoigner et sa mère crier "Arrête-toi", les expertises téléphoniques... 

Pourtant, aucune trace de sang n'a été retrouvée dans cette maison. Alors, est-ce qu'une femme peut, de nos jours, disparaître sans laisser de trace ? Pour les enquêteurs, il est impossible que Delphine soit partie volontairement en laissant derrière elle deux enfants qu'elle aimait plus que tout et sans ses papiers d'identité. "On ne sait pas ce qu'est devenue Delphine Jubillar et c'est ça qui inquiète tout le monde", conclut Valentine Arama.