Une attaque d'une violence inouïe. Mardi 14 mai, un fourgon et un utilitaire de l'administration pénitentiaire arrive au péage d'Incarville (Eure). Ils escortent un détenu, Mohamed Amra, en direction de la maison d'arrêt d'Évreux. Mais une fois la barrière de péage, le convoi est pris d'assaut par plusieurs individus, qui abattent deux agents et en blessent d'autres sérieusement, avant de prendre la fuite avec le prisonnier.
"C'est la première fois qu'on voit ce genre d'attaque aussi spectaculaire", commente Driss Aït Youssef, spécialiste des questions de sécurité. "Ce sont des armes de guerre, face à l'armement en dotation de l'administration pénitentiaire, qui sont des armes de poing de type 9mm, on est dans un rapport de force qui est totalement déséquilibré."
"On voit bien qu'il y avait une volonté de tuer des fonctionnaires de l'administration pénitentiaire, avec un sang-froid qui est assez déroutant", ajoute le spécialiste. "C'est la première fois qu'on voit ça. Généralement un caïd, la case prison est un accident de travail."
Le lendemain de l'attaque, une opération "prison morte" a été organisée. Tous les parloirs et tous les transferts de détenus dans tous les établissements en France ont été reportés, et plusieurs rassemblements de personnels ont rendu hommage à leurs collègues tués et blessés.
"Depuis ce jour-là j'ai la boule au ventre", témoigne Yannick, surveillant pénitentiaire et collègue d'Arnaud Garcia, un des agents tués lors de l'attaque. "J'ai une crainte. Cela fait bientôt quinze ans que je fais ce métier, mais les conditions de travail se dégradent de plus en plus."
Le surveillant décrit un environnement de travail extrêmement compliqué, notamment lié à un manque d'effectif pénitentiaire sévère : "Parfois je me retrouve à gérer deux étages parce qu'il nous manque au moins douze agents à l'appel ! Et pour tenir les grilles, je dois mettre une poubelle..."
En moins de vingt ans, la population carcérale a également évolué, devenant plus violente : "À l'époque il y avait un certain code d'honneur", constate Yannick. "Aujourd'hui, ils nous agressent, on se fait insulter pour un rien : pour une douche, pour avoir refusé de passer un peu de tabac... Ça devient de plus en plus difficile de travailler."
"J'ai déjà subi plusieurs agressions, j'ai fini deux fois à l'hôpital", confesse encore le surveillant, qui a dû rassurer sa fille âgée de huit ans, qui craint pour la vie de son papa. "On essaie de relativiser et on avance."
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