Dissimulation de violences policières, propos obscènes… Cet opérateur du centre de supervision urbain de la police municipale de Marseille n'en pouvait plus de garder ça pour lui. Il témoigne, auprès de RTL, de graves dysfonctionnements de la part de ses collègues qui scrutent les images des 1.200 caméras de vidéoprotection de la ville. Alors qu'il a fait remonter les faits à la hiérarchie, des enquêtes administratives et policières sont en cours mais rien n'a changé, constate-t-il. RTL a eu accès à ces enregistrements.
Sébastien est opérateur de nuit au centre de supervision urbain de la police municipale de Marseille. Depuis plusieurs mois, parce qu'il ne fait "que son travail", il est harcelé, insulté, ostracisé par ses collègues. Il a fini par prendre son téléphone portable et a enregistré ses confrères à leur insu. Bien que cela soit illégal, c'est la seule façon qu'il a trouvée pour "lancer l'alerte".
C'est ainsi qu'un soir de mai 2023, un opérateur aperçoit, sur un écran, un ivrogne sur la voie publique. Il demande à une équipe de policiers municipaux d'intervenir. Les images sont sans équivoque : au moins deux policiers donnent des coups.
Les enregistrements sont saisissants. Un dialogue surréaliste s'engage entre les policiers sur place et les opérateurs qui visionnent les images. Ces derniers vont ainsi donner des conseils aux agents pour intervenir sans être filmés. Plusieurs techniques sont évoquées : "cogner" la personne interpellée mais hors caméras ou avertir le centre pour faire pivoter ces caméras. Sur l'un des enregistrements, on peut entendre l'un des opérateurs dire au policier sur place : "Tu le prends, tu le menottes, tu l'amènes au sol et tu lui mets son petit coup en traître", un autre rebondit : "Le taquet, à la limite, tu le mets dans la voiture quand il n'y a personne qui te voit."
Et puis, il y a aussi des détournements de l'utilisation des caméras, comme cette nuit de mars 2023. Les collègues de Sébastien zooment avec une caméra de vidéoprotection sur le postérieur de jeunes femmes dans la rue. S'ensuit alors une avalanche de commentaires obscènes : "C'est pas mal ça", "Elle a des bonnes cuisses", "Montre-nous la pacholette un peu". "La pacholette" est le nom provençal de l'entrecuisse féminin. Des propos salaces sont tenus pendant plus de trois minutes au lieu de visionner les images des autres caméras.
Après ces révélations, deux enquêtes administratives et deux enquêtes judiciaires ont été ouvertes, a confirmé à RTL Yannick Ohanessian, l'adjoint au maire chargé de la police municipale. "Si les faits étaient confirmés, des sanctions seront prises", affirme-t-il. En attendant, il ne souhaite pas que l'opprobre soit jeté sur l'ensemble des 500 agents de la police municipale marseillaise.
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