Les reconstitutions virtuelles sont utilisées lors de 4 à 5 procès aux assises par an. Le laboratoire de Philippe Esperança est installé dans une rue discrète de Marseille. Cet expert en criminalistique est capable de recréer une scène de crime à 360 degrés.
Il explique ainsi : "Dans les reconstitutions physiques, les lieux sont souvent contraints. Ça se passe rarement sur un stade de football par exemple. Ça va se passer dans des toilettes, ça va se passer dans une petite salle de bain." Et d'ajouter : "Or, vous avez le mis en examen, le juge d'instruction, sa greffière, l'avocat de la défense, voire l'avocat de la partie civile. Beaucoup de personnes pour un lieu qui n'est absolument pas approprié. La plupart des personnes ne voient pas ce qui se passe. Quand vous êtes en reconstitution virtuelle, vous pourriez être dans une salle de cinéma, tout le monde assis et vous voyez tous la même chose."
Pas d'écran mais des casques de réalité virtuelle qui permettent à toutes les parties de se replonger dans la scène de crime. Et surtout de la rejouer pour celui ou celle qui est accusé le plus souvent d'assassinat. "Son avatar sur la reconstitution aura la même taille. Ses bras sont modélisés, on peut même modéliser des armes qu'il aura dans les mains quand il souhaitera les avoir. Il peut même les récupérer sur les lieux. Il peut même interagir avec une personne qui est sur les lieux. Il peut même prendre une chaise sur les lieux et taper sur une victime qui est là."
Ces reconstitutions virtuelles peuvent avoir lieu dans une salle anonyme du tribunal, voire directement en détention. Et elles permettent aussi de créer un dossier d'instruction numérique très pratique pour le juge qui va pouvoir se promener sur la scène, cliquer sur les preuves visibles et en obtenir ainsi immédiatement l'analyse qui en a été faite.
Ces reconstitutions de crimes sont utilisées dans des enquêtes bien précises, notamment l'attentat d'Arras et la mort de Dominique Bernard, qui a fait l'objet d'une reconstitution virtuelle, a fait savoir RTL. Tout le lycée Gambetta a été modélisé. La vidéo dure 8 minutes 58 et on peut y voir le terroriste entrer dans le bâtiment, agresser le professeur, se battre avec des élèves.
Une immersion créée à partir de vidéos de témoins, de vidéosurveillance, mais aussi des interrogatoires pour un coût à la justice de 5.700 euros. C'est le prix à payer pour ne pas geler totalement le lycée et y faire venir le djihadiste. "En fait, c'est comme s'il y a une caméra dans la tête de l'auteur et on voit ce qu'il voit. Chose qu'on n'a jamais lors d'une reconstitution in situ", indique la psychologue Florence Amar.
Maître Hervé de Surville, ténor du barreau de Nice, a participé début 2024 à une reconstitution virtuelle dans une affaire de règlement de compte citée des Moulins après une transaction de fausse cocaïne. "On appelle ça dans le jargon un carottage. On était dans un quartier très sensible où ont lieu souvent des incivilités très lourdes envers les forces de l'ordre. Et organiser une reconstitution comme ça se fait très souvent dans les dossiers criminels était compliqué."
Les avocats pénalistes pensent que Crime 3.0 n'apportera pas de vérité absolue, mais qu'il s'agit d'une évolution majeure pour la justice, au même titre que la découverte des empreintes digitales, des photos anthropométriques ou encore de l'ADN.
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