"L'attente constitue clairement un facteur de désordre qui pourrait conduire à des actions tous azimuts", prévient ce mercredi 24 janvier la Direction nationale du renseignement territorial (DNRT) dans une note confidentielle de quatre pages consacrée à la mobilisation du monde agricole, et consultée par RTL. Dans leur point de situation, les policiers des renseignements territoriaux, dont la mission est notamment de prendre le pouls des mouvements sociaux et des éventuels risques de contestation violente, constate que "l'attente est forte" chez les agriculteurs sur les réponses gouvernementales à venir, mais que "plus les jours passent, plus les risques de dérapages s'accentuent".
Une visite du premier ministre ou du président de la République en Occitanie est citée comme l'enjeu prioritaire à ce stade, "gage de leur considération à l'égard de la profession". La note souligne que des "actions d'envergures sont attendues dans les prochaines 48 heures", citant les villes de Rennes jeudi, où sont attendus 500 manifestants, dont des marins pêcheurs en colère, et une centaine de tracteurs. Ainsi que Montpellier, vendredi, où "600 agriculteurs et 150 tracteurs ont prévu de se rassembler devant la préfecture dans un état d'esprit déterminé (sic)".
La DNRT constate que, "quant à présent", les protestataires s'affranchissent "de façon très limitée" des syndicats agricoles, à l'exception notamment du Tarn où les manifestants déclarent vouloir poursuivre le blocage des routes en dépit des consignes syndicales. Une retenue qui pourrait s'étioler à mesure que le conflit dure et s'étend, estiment les renseignements, notamment du fait de la "part importante de non syndiqués" dans de nombreuses actions, "pas tenus de répondre favorablement aux consignes".
La note cite également une action coup de poing organisée à Bettignies (Nord) dans la nuit du 23 au 24 janvier par une trentaine d'agriculteurs "hors de toute structure syndicale". Autre exemple, dans l'Aude, à Castelnaudary, le blocage de la plateforme logistique a entraîné le retrait de marchandises périssables et le "recours à la force publique est envisagée" alors que les manifestants réclament "la venue de Michel-Edouard Leclerc sur place".
L'alerte est répétée à plusieurs reprises : "Les syndicats (en premier lieu la FNSEA ndlr) risquent d'être débordés si l'attente est trop longue". La DNRT cite alors quelques mesures immédiates qui pourraient "calmer les esprits les moins échauffés" : l'abandon de la hausse du gazole non routier (GNR) dont la hausse, souligne la note des renseignements, "a été un facteur décisif dans le mouvement allemand". Autre mesure suggérée : une simplification pour toucher "rapidement les indemnisations liées aux phénomènes climatiques et épizootiques", le gel de nouvelles mesures réglementaires et la "sanctuarisation des prix".
Autre possibles mesures à long terme citées dans le point de situation, la mise en place de "clauses miroirs effectives pour stopper les importations de produits à bas coût qui asphyxient les marchés de producteurs français."
Parmi les acteurs du mouvement, la DNRT note que la "Coordination rurale entend montrer sa pugnacité au cours de la séquence", avec notamment, jeudi 25 janvier, pour la première fois en Bretagne, une action interrégionale à Rennes, où les agriculteurs seront accompagnés "de protestataires du BTP mais aussi de marins-pêcheurs".
Plus généralement, les renseignements constatent que la mobilisation s'étend et que "les syndicats agricoles, toutes filières, ne vont pas pouvoir s'affranchir de rentrer dans le mouvement au risque de perdre du crédit avec leurs adhérents".
Les policiers préviennent donc que les formes de mobilisation pourraient se durcir dans les prochains jours avec des "arrêts de camions et déversement de cargaisons de produits étrangers, blocage de grandes et moyennes surfaces avec destruction de produits, voire pillages de magasins comme à Béziers fin décembre". "Les risques de troubles à l'ordre public sont réels", conclut la DNRT.
Une analyse qui contraste avec les instructions envoyées aux préfets ce mercredi soir par le ministre de l'Intérieur. Gérald Darmanin rappelle la "grande modération attendue des forces de l'ordre" et souligne que "c'est en dernier recours que les effectifs de maintien de l'ordre déployés aux abords des bâtiments publics seront autorisés à intervenir dans le seul cas où l'intégrité des personnes serait menacée ou les bâtiments exposés à de graves dégradations."
Une circulaire qui semble montrer que le gouvernement marche sur un fil jusqu'au possible déplacement du premier ministre Gabriel Attal, jeudi ou vendredi, à la rencontre des représentants syndicaux, pour annoncer une première batterie de mesures.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte